Le Mariage en Pays IBO
Et pourtant, pour en revenir aux IBO, il n’y a probablement pas beaucoup de peuples comme eux en Afrique de l’Ouest, doués de qualités sociales et humaines et dont l’organisation collective et le dynamisme identitaire pourraient servir de modèle à toute l’Afrique noire. Ce dynamisme identitaire empreint de romantisme a été porté aux nues avec finesse, nostalgie et talent dans « Le Monde s’effondre », par l’un des plus grands écrivains Africains de tous les temps, Chinua Achebe, lui-même IBO. La force du lien social chez les IBO, est de nos jours une évidence. Lorsque le IBO est loin du pays, il cherche à s’unir en association ; ce tropisme associatif est notoire dans les grandes villes du Nigeria, de l’Afrique ou du monde, où par la force des choses les IBO se sont retrouvés. Pourquoi le IBO valorise à ce point le lien social ? Et pourquoi le mise en jeu de ce lien social même lorsqu’elle s’articule autour d’éléments culturels authentiques au nombre desquels la langue vient au premier plan, a su aussi s’adapter à la modernité, notamment à travers l’adhésion massive au christianisme, devenu partie intégrante de l’identité IBO ? Voilà des questions passionnantes qui demanderaient, hélas, de longues recherches de spécialistes. Avant la colonisation britannique, les IBO étaient constitués en groupes politiques fragmentés. Il y avait des variations dans la culture comme dans les styles d'art, de vêtement et de pratiques religieuses. Plusieurs sous-groupes existaient en fonction des clans, des lignages, des affiliations, des dialectes et des villages. Il n'y avait pas beaucoup de chefferies centralisées, ni d’'aristocratie héréditaire, ni de royauté, sauf dans les royaumes de Nri, Agbor et Onitsha. Ce système politique a changé de manière significative sous le colonialisme anglaise ; les Eze (rois) ont été introduits dans la plupart des communautés locales par Frederick Lugard comme «chefs-garants. » Les IBO devinrent majoritairement chrétiens sous la colonisation. A leur entrée dans la modernité, le lien social deviendrait-il plus fort dans les nations originairement sans état fort ou organisation centralisée, comme au Danhomè ? La question à défaut d'être pertinente possède quelque cohérence, dans la mesure où, actuellement, dans l'aire culturelle du Danhomè, royaume jadis doté d'un système politique centralisé, le lien social est des plus relâché, consumé par la haine de soi. Il ne s’agit-là que d’une hypothèse, qui mériterait d’être examinée de façon comparée... Pour lors, contentons-nous de noter le dynamisme identitaire chez les IBO, et la force agissante du lien social et des structures collectives dans leurs communautés. Les cérémonies de mariage, comme ici, en sont un exemple éclatant… |
Le Mariage en Pays IBO
Prof. Blessing Anukwu
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