Idéo 172
Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur… :
Dangereuse spéculation
Le discours de la paix existe sous deux espèces différents. Il y a le discours de la paix de bonne foi, et le discours de la paix hypocrite, à usage suborneur et frauduleux. Au Bénin, bien des signes qui laissent présager que les chantres du second espèce plantent le décor de leurs basses œuvres. Déjà dans leurs loges respectives, attendant
le lever du rideau, ils sont prêts à exécuter le script de la paix hypocrite écrit pour eux, et ainsi mettre en œuvre la stratégie a posteriori du chantage à la paix. Leur commanditaire, le général en chef de cette armée d’intrigants, au lieu de préserver la paix par la justice, le respect des citoyens et de leur volonté, et la promotion de l’esprit de responsabilité, préfère infliger aveuglément l’injustice, violer la volonté du peuple, et faire montre d’une indigne irresponsabilité en trafiquant cyniquement les élections ; on ment au peuple sur l’issue de son vote, on instrumentalise les institutions de la république pour donner une apparence de légalité à sa comédie de confiscation léonine du pouvoir. Et en contrecoup de ce chef-d’œuvre d’irresponsabilité savamment mais non moins impudemment prémédité, on met en branle l’orchestre symphonique du chantage à la paix, constitué d’une bande hétérogène de Tartuffes professionnels stipendiés à coups de milliards volés au peuple, d’une façon ou d’une autre. Venimeuse engeance d’impudents qui iront criant sur tous les toits : «
Oyez ! Oyez, Vous qui allez en guerre ! Vous n’allez tout de même pas mettre le pays à feu et à sang ! Nous sommes tous des frères ! Le temps de la politique est terminé ! Il faut maintenant oublier les dissensions et travailler pour le progrès de notre pays ! La paix n’a pas de prix ! Sauvegardons la paix et l’unité nationale, condition sine qua non du développement de notre chère nation…» Comme si toutes ces belles vérités n’auraient pas pu être dites et observées avant le coup de force. Et, comme dans le discours de la paix, il y a en creux celui de l’amour, dans le plus pur style du chant des Sirènes, il sied que le chef de cette orchestre symphonique de l’endormissement pacifiste post-fraude électorale, soit de préférence du sexe faible. Conformément au rôle d’adoucissant que l’on confère à la femme dans la politique, comme un être congénitalement impartial et constructeur là où le sexe masculin serait polémique et hanté par le tropisme de la destruction. A ce rôle perfide, certaines femmes bien en vue médiatiquement s’essayent déjà, que l’on voit changer leur veste sans demander leur reste. Du côté de la gente femelle distinguée, n’embouche-t-on pas déjà avec grâce et malice la trompette du chantage à la paix ?
Or donc, cette sombre spéculation est moralement dangereuse ; d'une part en ce que l’intention frauduleuse est préméditée et se pare des apparences de la bonne foi pacifiste et nationaliste ; d'autre part parce que rien ne garantit que le peuple en sera paisiblement dupe. Rien ne garantit que ce qui réussira probablement au Togo, réussira au Bénin. Rien ne garantit que le peuple du Bénin, descendant des Bio Guerra, Béhanzin et Kaba, accepterait comme un mouton de panurge de troquer la tranquillité insidieuse et soporifique du chant de la paix par chantage contre sa liberté chèrement conquise, sa farouche exigence de responsabilité et sa soif inextinguible de justice.
Éloi Goutchili
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