Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Halte au Mépris de la Pensée en Afrique
Les gens croient développer l'Afrique par la voie de l’argent et du matériel. Du reste les réalités pressantes et humaines, la faim, la santé et les besoins matériels à première vue inclinent à ce choix. A cet effet, on a créé toutes sortes d’instituts bancaires et financières, les Banques Africaines de Développement et leurs sœurs, cousines et tutti quanti. Mais faire ainsi c’est prendre le problème à l’envers.
Quand on voit un poisson à travers la transparence de la rivière faut-il bondir sur lui ? Aucune chance de l’attraper ainsi. Comme le montre le triste spectacle de l’Afrique au quotidien – aussi bien dans le domaine politique social qu’économique, – l’un des maux dont souffre le continent c’est la tendance instinctive à mettre entre parenthèses ou hors jeu les idées, la pensée. Celles-ci sont tenues pour quantité négligeable sinon méprisée. Puis ensuite d’une façon superbement irrationnelle on croit qu’on peut s’en tirer à coup de mimétisme ou de copies de ce qui est fait ailleurs, sans savoir ce qu’il en coûte d’ordre symbolique, logique et épistémologique, sans réunir les conditions transcendantales du transfert d’idées ou de technologie. Or l’Afrique grouille d’idées et de pensées. Et ce bien avant un Cheik Anta Diop et bien après lui. Des idées de toutes sortes : Philosophiques, Epistémologique, Politiques, Technologiques, Commerciales, Ethiques, Sociologiques, etc. sans la prise en compte desquelles l’Afrique a beau se doter des BAD et autres BOAD, elle ne pourra jamais décoller. Laisser dormir ces idées ou pire les laisser mourir de leur belle mort ; préférer le contraire des idées, le désert de la pensée, l’anarchie qui les remplace souvent pour gouverner nos sociétés, nos vies, c’est se condamner à la mort lente. Ce n’est pas la voiture qui fait avancer l’essence, mais l’essence qui fait avancer la voiture. Ce n’est pas la charrue qui fait avancer le bœuf, mais le bœuf qui fait avancer la charrue. Sans donner aux idées la place que les sociétés qui se sont développées ont donné et continuent de donner aux idées dans leur vie, sans mettre la pensée à la place qui lui revient, sans valoriser la réflexion, l’Afrique ne pourra jamais mais alors jamais être maîtresse de sa volonté, de son désir et de son destin. Elle se condamnerait à une aliénation sans fin, à un esclavage plus ou moins déguisé qui n’aura rien à envier à ceux du passé, à une mort certaine,…
Pour que l’Afrique parvienne à atteindre ses objectifs, pour que le foisonnement d’idées générées par ses fils et filles ne partent pas en pure perte ou soit réduit à un océan mort de silence ou de mépris stupide ; pour que les meilleures de ces idées endogènes puissent servir hic et nunc à sa transformation, son développement et sa mutation nécessaires dans un monde en marche, il faut, à côté des BAD et autres BOAD réservées à l’argent et au matériel, créer une Banque immatérielle des idées : La BANQUE AFRICAINE DES IDEES, BAI. Grenier des idées, et institut de centralisation, d’expérimentation et le cas échéant de mise en oeuvre effective des idées pour que l’Afrique pense son développement, et la vive au quotidien. Une telle institution doit être reconnue par les pouvoirs publics, nationaux et africains et faire partie de la structure de décision nationale et internationale. C’est en faisant aux idées toute leur place dans nos mœurs, en revalorisant le primat de la pensée en Afrique que nous pourrons aborder le rivage du vrai développement
Éloi Goutchili
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