Quand Obama rencontre Bush 41, le père du Président par rapport auquel il a opté pour le Changement, la chose paraît aller de soi alors que quand Yayi Boni décide de rencontrer Kérékou, le geste soulève tollés, critiques et méfiance. Pourquoi ? Il y pourtant des similitudes et des différences dans les deux gestes.
Différences
Premièrement George Bush Père et son fils W. Bush ce n’est pas la même chose. En terme de personnalité, de politique, et de philosophie. Le père n’était pas le prototype du va-t-en-guerre que le monde entier a rejeté à travers son fils.
Deuxièmement, le Père n’était pas le prédécesseur direct d’Obama, et de ce fait ne représente pas la figure emblématique de ce qu’il fallait changer. Contrairement à Kérékou qui, d’avoir régné au moins pendant les 10 années précédant l’avènement du Changement – ou du moins de ce qui s’est promis tel avant de se transformer en kpètèçin (eau de boudin) – , et ayant conduit le pays dans l’abîme de la banqueroute, de la misère et de la corruption, concentre sur lui l’image de l’épouvantail et incarne le personnage réprouvé, à rejeter dans les enfers du changement pour autant que celui-ci fût véridique.
Troisièmement, aux Etats-unis les deux grands partis politiques qui alternent au pouvoir sont bien distincts et possèdent chacun son identité, son emblème et ses valeurs. Même si le réalisme américain et l’état de fédération incitent à tenir compte des données locales, qui font parfois qu’un sénateur de gauche sur le plan national peut être amené à adopter sans rougir une position de droite en fonction de ses intérêts électoraux. Ce qui fait que la transhumance est à la fois possible et peu fréquente et dans tous les cas ses motivations d’enrichissement personnel que nous connaissons au Bénin ne sont ni légion ni impunis.
Similitudes
En rapport avec les grands dossiers politiques sur lesquels il a été élu : éradication de la crise économique et sociale, Conception d'un système de santé pour tous, etc. Obama a presque érigé en dogme une démarche dite bipartisane au travers de laquelle, il entend réunir les bonnes volontés des deux partis. Mais dans la pratique l’intransigeance des Républicains et le parti-pris de la guérilla idéologique des extrémistes réduisent ce vœu à néant. Du coup, pour aller à la pêche des voix modérées du Parti Républicain, Obama est obligé d’en courtiser les symboles vivants. D’où la rencontre avec quelques-uns de ses ténors comme Arnold Swarchenegger ou George Bush 41.
Donc il apparaît qu’Obama courtise un de ses prédécesseurs du camp adverse comme Yayi Boni le fait de son prédécesseur direct, d’un camp qui, s’il n’est pas adverse du fait de l’indétermination idéologique de l’appartenance partisane sous nos tropiques, n’est pas moins le camp d'un passé logiquement révolu ou censé l’être. Mais à voir de près, les motivations ne sont pas les mêmes. En fait Obama courtise son vieil prédécesseur – du reste pas direct – dans le but de réaliser sa politique actuelle. Donc il se place uniquement dans la perspective de l'actualité politique. Alors que Yayi Boni fait des pieds et des mains, remue ciel et terre pour prendre langue avec Kérékou non pas pour réussir son mandat actuel, mais pour s'assurer un hypothétique second mandat qui, mystérieusement, lui paraît plus important que l’actuel. Comme lorsque la femme qu’on vous promet paraît plus désirable que celle qu’on possède. Et que le peuple l'eût élu sur le projet passablement narcissique de son bon plaisir et de sa pérennité personnelle.
D'Obama on sait avec certitude que génération, philosophie et parti le séparent de Bush Père. Mais on ne peut dire la même chose de Yayi Boni et Kérékou. C’est là toute la différence entre les deux cas, et l'immoralité des excès de l'obsession de réélection de Yayi Boni.
Binason Avèkes
Copyright, Blaise APLOGAN, 2009,© Bienvenu sur Babilown
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