Mon Idéo Va, Court, Vole, et Tombe sur…
Tout Sauf la Cata en 2011
On a souvent glosé sur la comparaison entre Yayi Boni et ses deux prédécesseurs que sont Kérékou et Soglo. Comme Yayi Boni est du sérail des finances, on a cru que son modèle serait plus près de Soglo que de Kérékou. Mais c’est se méprendre sur la raison pour laquelle Yayi Boni, comme tous les imitateurs, choisit son modèle. Yayi Boni n’imite pas pour imiter, mais il imite afin de tirer le meilleur
de son modèle. Or l’idée fixe de Yayi Boni étant d’être réélu, on comprend que son modèle soit plus près de Kérékou que de Soglo. Et cette proximité se précise au fur et à mesure que se rapproche l’échéance de 2011. Faute de faire cette hypothèse on ne peut rien comprendre aux agissements erratiques du Président. Tenez, on parle ces derniers temps d’un gouvernement au bord de la cessation de paiement. Lequel de ses deux prédécesseurs Yayi Boni imiterait-il lorsqu’après une brève embellie héroïquement présentée comme la preuve de son savoir-faire de Docteur-Banquier, les comptes de l’état replongent à nouveau dans le rouge ? Et cette corruption qui s’étend comme un incendie alors que son éradication était censée être au cœur du Changement, de qui tient-elle de façon si caricaturale ? De Kérékou bien sûr, avec en toile de fond le fait que tout ce qui peut servir la réélection est toléré sinon encouragé : gaspillage, détournement, crimes, etc..
Et une fois le modèle choisi, l’imitation qui va avec se fait dans les moindres détails. Par exemple, la manière dont le Ministre Tokpanou est, ces temps-ci, remonté contre Soulé Mana Lawani, l’ex-Ministre de l’économie, en est un exemple édifiant. En effet, cette façon du porte-parole du gouvernement de s’acharner contre son frère de Calavi n’est pas sans rappeler la manière dont Kérékou jouait les frères Aboméens de la belle époque révolutionnaire les uns contre les autres : le Capitaine Michel Aïkpé contre le Lieutenant Janvier Assogba ; le lieutenant Martin Dohou Azonhiho contre le Capitaine Michel Aïkpé. Les bavures de la garde présidentielle hélas coûteuses en vies humaines, expurgées des tollés qu’elles suscitent, ont, volontairement ou non pour fonction symbolique de conférer au Président une image de terreur, terreau de crainte et donc de respect à sa personne. Ce respect dont a besoin le nouveau président civil pour consolider sa mystique personnelle et donc sa réélection. Et il n’est pas jusqu’au point d’honneur que Yayi Boni mit à se doter d’un prisonnier politique en la personne de Andoche Amègnissè, qui n’étaye le choix et surtout l’idée de l’imitation dans les détails de son modèle qu’est Kérékou.
Certes, il ne faut pas tout prêter à Kérékou dans les travers de l’homme fort du changement. Ainsi, la volonté d’étouffer la liberté d’expression propre à Yayi Boni et qui en peu de temps a arriéré notre pays dans les baromètres internationaux ne doit rien à Kérékou. En revanche on ne peut pas en dire autant de l’obsession de réélection qui étreint Yayi Boni. Car, bien que n’ayant rien à voir en apparence avec Kérékou, cette obsession n’est pas moins une forme spécifique de l’acharnement de l’ancien Général à conserver le pouvoir et dont les ruses ont été déjouées par l’intelligence politique du Peuple Béninois.
Compte tenu de tout ce qui vient d’être dit, et du peu de cas que Yayi Boni fait de la nécessité de maintenir la paix comme le fit Kérékou, il faudrait souhaiter vivement que, à l’horizon de 2011, Kérékou reste son modèle. Car comme tous les dictateurs et illuminés de son genre, le vrai modèle de Yayi Boni risque d’être Yayi Boni lui-même !
Éloi Goutchili
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