Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur….
Holocauste électoraliste
Si les Ministres et notamment ceux qui sont à un poste important peuvent être envoyés à Limoges comme cela du jour au lendemain, sans aucun rapport avec un remaniement ministériel d’échéance ou à caractère politique, on reste bouche bée. Bouché bée devant la méthode et la personnalité de son initiateur. Contrairement aux thuriféraires de Yayi Boni, on n’est guère convaincu qu’un tel geste participerait de la conscience rigoureuse de ses responsabilités ; et on reste insensible à son esthétique et à son éthique, pour autant qu’il en eût. Au contraire ce qui saute aux yeux c’est le coup d’humeur. Un coup d’humeur que l’on pourrait interpréter selon une double modalité chronologique. Soit le coup d’humeur a présidé à la nomination du Ministre ; et alors on se demande comment un Président responsable a pu choisir un Ministre sans savoir de quel bois il se chauffe ; soit le coup d’humeur vient après, et on se demande si en démocratie la durée de vie d’un Ministre doit être une fonction de l’humeur du Président. Sinon pourquoi laisser le citoyen ordinaire dans l’ignorance des raisons d’une décision qui quoique brutale est tenue de se mouler dans les formes constitutionnelles ? Donnant lieu à une double interprétation, ce coup d’humeur n’est pas dénué d’ambigüité. A vouloir soigner son image de Président rigoureux qui n’hésite pas à prendre ses responsabilités y compris sur le dos de ses Ministres transformés pour l'occasion en Holocauste électoraliste, on prend le risque de prêter flanc à la suspicion d’abus de pouvoir.
Eloi Goutchili
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Yayi Boni est embêté aux entournures. Mais on n’est pas convaincu par le geste de limogeage du Ministre Lawani. Le Porte-Parole Victor Tokpanou dans un point de presse nous apprend que le limogeage du Ministre des Finances est la conséquence de la gestion solitaire de la question des primes aux travailleurs du secteur de la santé. Lawani et Kessilé Tchalla auraient pondu un arrêté tout seuls dans leur coin, sans en référer au conseil des Ministres et à son Chef. Pire, contre tout bon sens, ils auraient transformé une prime exceptionnelle en prime mensuelle ; ce qui aurait induit une incidence financière de plus de 7.000.000.000 F Cfa ! Certes les Ministres ont fait preuve d’un zèle douteux dans leur gestion personnelle de ce dossier. Mais en matière d’oukase et de décisions autoritaires, n’étaient-ils pas à bonne école ? Les pauvres ne faisaient que prendre le pli de leur chef, grand maître devant l’éternel dans l’art des décisions solitaires. Mais le fond de l'Affaire n'est pas seulement que Yayi Boni s'aperçoit que la culture des dérives dépensières qui caractérise sa gouvernance compulsive peut causer de graves nuisances à l'équilibre budgétaire, surtout par ces temps de crise. Le nœud du problème c'est que Yayi Boni est navré de constater que tout cet argent utilisé pour contenter les travailleurs du secteur de la santé n'a pas empêché leur récupération par l'opposition. Et c'est ce constat amer qu’il fait payer à l’argentier érigé au bouc émissaire. Yayi Boni l'expert en cauris est prêt à payer tous les Milliards du ciel et de la terre, à condition que cela bénéficie à sa popularité et conforte ses chances pour les prochaines échéances électorales. Hors de cette perspective, notre Docteur-Président pète les plombs. Dès lors, il ne lui restait qu’un dernier recours : politiser sa frustration en s’offrant un holocauste
Rédigé par : BA | 11 juin 2009 à 13:10