Au Bénin, l’actualité est encore brûlante de faits de violence intervenue cette semaine dans nos établissements scolaires. Ces faits mettent en lumière le problème épineux de la violence à l’école, violence sexuelle et sévices corporelles et physiques. Dans ces violences, les enseignants sont en première ligne et désignés du doigt. Le problème existait déjà dans le cadre de l’enseignement ordinaire avec des enseignants de métier, professionnels expérimentés et formés. Mais à l’évidence, il s’aggrave avec l’intrusion dans le sanctuaire de l’éducation d’une nouvelle race d’enseignants non professionnels, non formés pour le métier, et qui dans le cadre de la mission dite “patriotique et militaire” investissent les
établissements d’enseignement. Si le manque criant d’enseignants peut justifier un tel recours à des profanes du métier d’enseignant, force est de constater qu’en la matière on ne saurait faire flèche de tout bois, et que souvent hélas, sur le plan pédagogique comme sur le plan moral, la fin ne justifie pas tous les moyens. Ce scepticisme est amplement illustré par les drames qui ont endeuillé ou ensanglanté nos établissements cette semaine, et au centre desquels on retrouve dans tous les cas ces fameux patriotes de l’enseignement, version Changement. Pour avoir été de la première génération de ce qu’on appela en son temps “Professeur Révolutionnaire” sous le régime dictatorial des Kérékou, Azonhiho et consorts, nous avons bien observé en quoi l’initiative était le prototype même de la fausse bonne idée. Comment les bonnes intentions du professorat révolutionnaire servaient bien à paver l’enfer de
ses méfaits et insuffisances. Parmi ces méfaits et insuffisances se trouvent en bonne place les fléaux de l’abus sexuel, du viol des élèves et de la violence physique, à une époque où tout ce qui arborait l’habit militaire au Bénin se croyait tout permis sur les autres, à la limite du droit de vie et de mort. Dans une société où chacun cherchait à s’en sortir avec les moyens du bord, et où les filles, entre intimidations et faveurs, n’hésitaient pas à coucher avec l’adulte ayant autorité pour mettre celle-ci de leur côté. Il n’est un secret pour personne qu’il suffit de mettre militaire devant un mot pour lui faire perdre sa signification ; de la justice à l’enseignement en passant par la musique ou la médecine, il serait sage de ne pas abuser de la bonne volonté sociale des Armées. Tout cela étant su ; les résultats de l’expérience des “Professeurs Révolutionnaires” de l’époque Kérékou étant plus que mitigés les a-t-on passés au crible d’une évaluation sérieuse et responsable avant de la reconduire sous l’ère actuelle du Changement ? Ou bien s’est-on seulement contenté d’un mimétisme aveugle sur font de gestes politiques à visée démagogique ? En tout cas, les derniers événements dramatiques dont nos établissements sont le théâtre, et au centre desquels ces néo-professeurs révolutionnaires se trouvent, posent le problème de l’adéquation du type de solutions qu’ils représentent au problème de la pénurie d’enseignants dans nos écoles.
Ils posent aussi in fine la question de la responsabilité de ceux qui y font recours sans demander leur reste.
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Oui, je suis d'accord avec toi, il faut ce que tu appelles un "code déontologique" c'est-à-dire les règles légales et morales régissant les rapports des enseignants et des élèves dans le cadre de nos établissements. Et comme de tous, les enseignants non professionnels sont ceux-là qui n'ont aucune notion empirique de ces règles, il aurait été cohérent et responsable qu'avant de les édicter, on laissât ces profanes hors de nos établissements, aussi patriotes soient-ils. Car comme le montrent ces deux drames qui ne sont que le petit bout de l'iceberg des dégâts physiques et moraux que peuvent occasionner ces néophytes, le remède à la pénurie des enseignants risque d'être pire que le mal lui-même. A quoi sert de mettre ensemble l'essence et le feu, si on n'a pas encore trouvé un moyen de bien se préserver du feu ?
Rédigé par : B. A. | 02 mai 2009 à 14:08
Le problème qui se pose est celui du code déontologique auquel doit être tenu tout enseignant indépendamment du fait qu'il soit du corps ou en service patriotique.
Abordons la chose sous cet angle et seulement sous cet angle. L'adéquation de la solution des enseignants en mission à la problématique de la pénurie de profs ne saurait être traité à l'occasion de ce fait regrettable qui ne fait que mettre au devant de l'actualité des comportements déviants qui perdurent depuis des lustres dans le silence total de tout le monde. Saisissons cette occasion pour ouvrir un débat national sur le code de comportement auquel tout enseignant doit se conformer.
Rédigé par : Thomas coffi | 01 mai 2009 à 23:08