Le Nigeria fête ses 10 ans de gouvernement civil ce vendredi au sortir de presque trente ans d’une dictature militaire ininterrompue qui prit fin le 29 mai 1999.
L’élite politique du plus grand producteur africain de pétrole embouche la trompette pour célébrer l’événement.
Olusegun Obasanjo, un ancien dirigeant militaire qui gagna les élections en 1999 mit fin au statut de paria du Nigeria, ramena la nation la plus peuplée d’Afrique dans la norme internationale, et parvint à négocier en 2005 une remise de dette d’un montant de $18 Milliards (de dollars US)
Pendant cette décennie historique, les militaires sont restés dans leurs casernes, malgré les frustrations croissantes au sein du peuple – qui pour la plupart survit avec moins de $2 par jour – dont l’existence ne change pas au quotidien, en tout cas pas assez vite pour le mieux être du plus grand nombre.
Une Célébration qui tire sa justification de l’histoire du Nigeria après son indépendance lorsque les militaires, exploitant les frustrations du peuple, mirent fin à la Première République en 1966 ainsi qu’à la Seconde République en 1983.
Mais alors que le Grand et le Bon s’en donnent à cœur joie de parader, plus d’un Nigérian reste indifférent à l’événement historique. Les plus pauvres considèrent que la Démocratie n’a rien ou si peu changé à leur condition de vie. Les importants revenus provenant de l’exploitation du pétrole et du gaz n’améliorent pas leur quotidien.
Il y a certes plus de liberté d’expression et d’association, mais certains disent que le seul changement tangible intervenu dans leur vie durant la décennie a été l’arrivée du téléphone portable !
Selon les critiques, la campagne tous azimuts d’Obasanjo contre la corruption – le monstre qui a arriéré le Nigéria pendant des décennies – était plus une arme contre ses ennemis politiques qu’autre chose.
L’optimisme du début de règne a laissé place au sentiment d’un homme aussi arrogant et kleptocrate que ses prédécesseurs
L’arrivée au pouvoir par Yar’Adua il y a deux ans de cela fut considérée comme un bol d’air frais, mais déjà bien des Nigérians se demandent si leur optimisme n’est pas déplacé.
Les Réformes économiques ont ralenti, les infrastructures restent chaotiques dans la plus grande partie du pays et l'approvisionnement en électricité reste intermit-tente comme c’était le cas il y a dix ans, bien que le Nigéria soit le huitième plus grand exportateur de pétrole brut au monde
Parfois au plus fort de leur désespoir, certains se demandent si le pays va mieux sous la Démocratie qu'il ne l'était sous la Dictature militaire. Du coup, difficile de savoir où est la vérité !
Dans quelle mesure le Nigeria a-t-il changé en cette décennie qui a mis fin au pouvoir militaire ? Est-ce que le pays est allé assez loin pour que le retour au pouvoir des militaires ne soit pas concevable ? Ou bien est-ce que la Démocratie n’aura qu’une emprise ténue sur le Géant de l’Afrique ?
Traduction Binason Avèkes
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
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