BABILOWN~Mawolè: Idéogramme 109 : L’Avion Présidentiel, un autre succès dans la Rhétorique de l’Émergence

27 mai 2009

Idéogramme 109 : L’Avion Présidentiel, un autre succès dans la Rhétorique de l’Émergence

Mon Idéo Va, Court, Vole, et Tombe sur…

Du Danger dans l’Air

Le Docteur Yayi Boni va avoir un avion ! C’est très beau ; bonne nouvelle, inédite même ! Depuis le temps où les Présidents Béninois tentaient la chose, avec plus ou moins de succès et de mésaventures... Comme ce fut le cas avec Kérékou...

Mais attention ! Il ne faudrait pas avoir un avion juste pour avoir un avion ; ou juste parce que le fait inédit qu’un Président Béninois ait pour de vrai un avion à lui est censé rimer dans l’esprit des gens avec une preuve supplémentaire de l’émergence promise. Tant il vrai que, à mille lieues de la réalité des structures socioéconomiques internationalement admises de l’émergence, le changement au Bénin, et avec sa tête son Docteur-Président, construisent le système rhétorique d’une émergence de poche à usage électoraliste. Une rhétorique de l’émergence qui investit à fonds perdu dans l’imaginaire de l’aérien, de tout ce qui prend de la hauteur : les ponts, les ponts supérieurs, les échangeurs, et maintenant, l’avion présidentiel.

Tout cela est bien beau ! Mais si dans le pire des cas – non souhaité, faut-il le souligner – les ponts et autres échangeurs s’écroulaient par accident ou par défaut technique, il y a très peu de chance qu’ils emportent dans leur chute fatale le Président. Le premier Magistrat du pays, à force de privilégier le clinquant à la vie concrète du peuple n’a sans doute pas diminué le nombre de ses compatriotes qui dorment sous les ponts. Ceux-là périront, mais le Président, bien logé dans ses palais douillets n’a rien à voir avec cette mort-là.

Toutefois, si le Président peut survivre à la chute éventuelle du premier cordon aérien de sa rhétorique de l’émergence, tel n’est pas le cas du tout dernier : l’Avion Présidentiel. Tout simplement parce que contrairement aux ponts et autres échangeurs, le Président fait corps avec lui, et l’habite comme une demeure. A trop vouloir tirer sur la corde de la rhétorique, elle risque de casser ; par exemple si, sans y regarder de près, on s’empressait d’acquérir un avion qui se révélait en réalité un cercueil volant ! Ou si, même dans l’hypothèse d’une acquisition au dessus de tout soupçon, on échouait à définir un plan de vol rigoureux pour sa gestion à court, moyen et long terme. Car, si on peut avoir un pont ou un échangeur juste pour en avoir, il ne suffit pas de pouvoir avoir un avion pour en avoir. Avoir un avion suppose une organisation rigoureuse de sa gestion. Si nous sommes prêts à être à la hauteur de cette rigueur, tant mieux ! Si nous ne le sommes pas, il y a du danger dans l’air.

Eloi Goutchili