Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur …
Le Bain et l’Eau du Bain
Aujourd’hui, une certaine fierté positive commence à se manifester autour de concitoyens qui ont fait leur preuve à l’extérieur du Bénin, sur les grandes scènes du monde : show-biz, sport, cinéma, etc. Le fait qu’il importe d’abord et avant tout que ce soit pour nous et par nous que nos Héros/Héraults soient reconnus est en soi une question de fond, même si nous l’éludons volontiers et n’avons cure de nous la poser. Passons. Qu’il suffise ici de reconnaître que l’un de ces personnages reconnus auxquels nous nous accrochons est l’acteur Djimon Hounsou. Béninois made out of Bénin, au double sens du mot, Djimon Hounsou est devenu notre matière première en termes de Célébrités Béninoises. On est fier de l’évoquer, de se référer à lui. Certes ce n’est pas plus mal. Il fut un temps pas si loin que ça où le Béninois moyen préfère se fuir, dans un mouvement dont l’ambigüité est si caractéristique de notre espèce : l’homo Dahoménus. Après avoir été longtemps négatif, et porté par la passion stérile de la haine de soi, qui a mis à mal le lien social, il est intéressant de voir le Béninois s’ouvrir à lui-même, se rapporter à ce qui sous ce nom générique est source et vecteur de fierté. Déjà ça, ce premier acte d'intelligence collective.
Mais en l’occurrence, peut-on faire l’impasse sur les origines filmographiques de Djimon Hounsou ? On se souvient que le film qui le fit connaître au public mondial est Amistad, un film qui éclaire un épisode saillant de l’esclavage et de la traite des Noirs en Amérique. Lorsque l’acteur d’origine béninoise a été choisi pour jouer dans Amistad, en dehors de son talent d’acteur indéniable, pense-ton un seul instant que dans l’esprit des manitous blancs d’Hollywood le fait qu’il soit originaire du Dahomey, ancienne plaque tournante du commerce des ébènes, était absolument étranger au critère de leur casting ?
Par pudeur ou par discrétion, cet aspect des choses était impli-cite. Et ce n’est pas parce qu’il n’est pas crié que nous autres Béninois devrions le perdre de vue. En effet, s’il est sain d’être fier d’un des nôtres reconnu à un si haut niveau, il serait malsain pour notre mémoire de ne pas savoir ce qu’il en coûte. Sans vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain, force est de reconnaître que notre fierté pour sa propreté retrouvée doit aller de pair avec un brin de mémoire des vilenies qui justifièrent le bain.
Éloi Goutchili
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