MILWAUKEE - Bien que le mouvement des droits civiques ait conféré depuis bien longtemps à Samuel Sallis l'égalité devant la loi, il a attendu toute sa vie, dit-il, ce brin de courtoisie et de respect qui selon lui est censé aller de pair avec cette égalité. Être un homme noir des classes laborieuses et vivant en banlieue signifie ici être largement ignoré, vivre une vie invisible et non reconnue par une grande partie du monde blanc.
Puis M. Sallis, âgé de 69 ans a remarqué un changement.
"Je travaille en banlieue depuis 30 ans, et j’aime bien ça" déclare M. Sallis. "Depuis que Obama a commencé sa campagne, si je vais n'importe où, c'est : 'Salut! Bonjour, comment allez-vous, monsieur? " On aurait dit des étrangers. Me donner du Monsieur à moi ? "
Et d’ajouter: "Cela vous fait vous sentir différent, comme, hey - peut-être que nous sommes tous égaux. Je ne suis pas différent d’auparavant. C'est juste que les autres commencent à me voir autrement "
Dans des dizaines d'interviews dans sept Etats au cours des derniers jours, les hommes et les femmes noirs, à l'instar de M. Sallis se disent plus optimistes sur les relations raciales qu’il y a un an, lorsque M. Obama est apparu comme un sérieux candidat présidentiel, après une série de primaires et caucus victorieux. De nombreux Blancs disent qu'ils se sentent plus portés qu’auparavant à s’ouvrir vers les personnes d'autres races.
Pourtant, nul ne prétend que les préjugés raciaux ont disparu.
Dans un récent rapport aux agences de renforcement de la loi, les Renseignements Généraux ont averti que les extrémistes de droite pourraient utiliser l'élection de M. Obama comme un argument de recrutement. Et le Centre sudiste pour la Loi sur la Pauvreté, qui surveille les groupes haineux, a signalé 926 groupes actifs dans les États-Unis en 2008, une hausse de 50 pour cent par rapport à 2000.
Pourtant, M. Sallis dit, qu’"il sent maintenant comme une possibilité qui n'existait pas auparavant."
À Tampa, en Floride, Milton Patrick, 33 ans, un auditeur qui est noir, est allé à un match de baseball ce printemps pour la première fois à l'invitation de ses collègues blancs. Dans l’atmosphère multiraciale de la société Karen Jackson à Los Angeles où la race, la politique et la religion étaient des sujets tabous, Mme Jackson, une femme noire, a déclaré être de plus en plus entraînée dans des discussions amicales fort intéressantes. Et, à Brooklyn, Shel Harris, un Noir, dit avoir laissé tomber son attitude portée au "scepticisme, et toujours sur ses gardes" à l'égard des Blancs, après avoir travaillé aux côtés de nombre d’entre eux durant la campagne d’Obama.
"Chaque fois qu'ils disaient quelque chose, je leur cherchais toujours des arrière-pensées", a déclaré M. Harris, 62 ans, agent de la compagnie de téléphone à la retraite. "Maintenant, je trouve que je considère les Blancs plus sur parole.
Les entretiens reflètent les résultats du dernier sondage New York Times / CBS News, dans lequel les deux tiers des Américains disent que les relations raciales sont généralement bonnes, avec un pourcentage de Noirs disant la même chose qui a doublé depuis Juillet.
En un peu plus de 100 jours, la présidence de M. Obama semble avoir grandement contribué à modifier la perception du public américain des relations raciales.
Et peut-être, dans certains cas, même la réalité.
«Je me sens beaucoup plus à l'aise dans une conversation avec des personnes d'autres races dans la rue, maintenant que je ne faisais avant», a déclaré Mitch Hansch, un jeune New Yorkais blanc de 29 ans. "Depuis qu’Obama a été élu, les tensions raciales semblent un peu moins fortes. Je pense que c'est fantastique ! "
Au Nord-est de Los Angeles, MJJ Schmidt, 62 ans, un directeur d’Agence immobilière blanc, dit aussi sentir quelque chose de différent.
"Je fréquente une salle de gym où il y a un certain nombre de Noirs", dit M. Schmidt. "Nous n'avons pas l'habitude de communiquer. Ils ont tendance à avoir leur propre cercle d'amis. Mais maintenant, il y a plus de communication. Maintenant il y a comme une libération. Après l'élection, j'ai commencé à dire bonjour aux Noirs. « Hé, que pensez-vous d’Obama, notre nouveau président? »
Le pouvoir de l'image positive de la famille Obama a sans doute joué un rôle catalyseur dans la détente.
"De mon point de vue, ce qui a contribué au nombre si élevé de Noirs exprimant un sentiment d’optimisme est sans doute la fierté impressionnante de voir le Président Obama debout avec les dirigeants du monde entier», a déclaré Clifford Whitby, 46 ans, agent immobilier noir à Macon, en Géorgie, qui se référait au sondage. "Cela fait beaucoup pour le psychisme de l'afro-américain. Si ces chiffres ne sont pas aussi élevés qu'ils le sont, je pense que quelque chose n'aurait pas été avec les sondages. "
Certains Blancs ont mis l’accent sur une dynamique un peu différente.
"Je n’ai pas voté pour Obama", déclare Chris Miller, 46 ans, un Blanc constructeur de bateau à Johnstown, NY. "Mais tout ce que j'ai vu au cours de la campagne - des gens, blancs, noirs, jaunes, verts, gris, de toute race et nationalité qui battaient la pavé pour soutenir cet homme. Cela m’en a bouché un coin, et je me suis dis : « hey, les choses sont en train de changer, les choses vont de mieux en mieux ici. Je n'avais jamais rien vu de pareil avant"
Alan Ingram, 29 ans, concepteur de site Web, à Milwaukee, est du même avis. «Les gens avaient plus d'une occasion de se réunir à cette élection et toutes ses manifestations», a déclaré M. Ingram, qui est Noir. " Des gens de toutes sortes d’horizon différents qui essaient de trouver un terrain d'entente."
Dans un café, le vendredi, M. Ingram démarre une banale conversation avec Nicole Nelson, une étudiante blanche en droit, qui partage son point de vue sur la situation.
«Je suis allée à un meeting d’Obama, et j'ai vu toutes sortes de choses", a dit Mlle Nelson. "J'ai voté pour lui malgré mon éducation conservatrice dans une petite ville portée sur des valeurs autres que celle de la diversité. Je pense que c'est l’influence extérieure qui a contribué à ma façon de considérer la vie. "
Pour certains Noirs, les plus subtiles modifications ont fait une différence.
Kevin Chaison, un télévendeur Noir de 39 ans de Saint-Louis, a déclaré qu'il avait l'habitude de se sentir invisible. «J'ai plus le sentiment que je compte maintenant", a déclaré M. Chaison. «Maintenant, je reçois plus de : « Hey, comment tu fais?" que je n’en recevais il y a un an. "
Chester J. Fontenot Jr., 59 ans, professeur d'anglais et directeur des études africaines de l'Université de Mercer à Macon, dit qu’en partie l’isolement social qu’il avait longtemps ressenti en tant que l’un des rares Professeurs Noirs sur le campus commence à s’estomper.
"Je pense que ce qui s'est passé avec un certain nombre d'hommes blancs qui sont venus et ont commencé à m’adresser la parole, c'est qu'ils se sentent à l'aise avec lui, a déclaré le Dr Fontenot, parlant de M. Obama, " et cela les incite à venir vers moi. Ils ont l'impression qu'ils ont quelque chose en commun avec moi, maintenant, nous avons de quoi parler. "
M. Patrick, auditeur à l’Université de Tampa, a reconnu que même les petits gestes de bonne volonté ont eu un certain effet sur lui.
Cependant, il n'entretient aucune illusion.
«Je ne cherche pas à enrober les choses", a déclaré M. Patrick. «Les choses pourraient encore être meilleures. Mais elles sont meilleures qu'elles ne l'étaient. "
"Maintenant vous avez le signe de la tête ou le sourire que vous n’avez pas il y a un ou deux ans auparavant," a t-il ajouté. "Pour moi, c’était comme, 'Pas question de reconnaître ce Noir." Et la haine menait joyeuse vie. Mais maintenant, je suis reconnu.
"Je ne dis pas que le terrain de jeu est dégagé, mais avoir élu un président noir a fait beaucoup."
Trad. Binason Avèkes, source New York Time
Une Contribution collective de Rebecca Cathcart de Los Angeles, Shaila Dewan d'Atlanta, Malcolm Gay de st. Louis, Christophe Maag de New York et Malia Wollan d'Oakland, en Californie
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.