Lettre ouverte au Président de la République, Son Excellence le Dr. Boni YAYI :
EXCLUSIVITE !!!
Offre publique de médiation : "Le Bénin de toutes nos forces"
Par Guillaume ADOUVI
"Une réconciliation durable doit être développée localement. Seules les personnes brouillées – très fâchées -, en conflit, peuvent se réconcilier si elles le veulent vraiment. Car la règle de droit – nonobstant sa force - ne peut pas effacer les rancoeurs et rétablir le dialogue. La médiation, dit-on, s’adresse aux litiges qui font apparaître soit un conflit de valeur (côté humain, affectif…) soit un conflit d'intérêt (enjeu politique, économique ou social…)".
Excellence Monsieur le Président de la République, notre pays s’enlise dans une crise politique et institutionnelle sans précédent. Il est, toutefois, manifeste que nous n'affrontons pas seulement – depuis 10 mois au Bénin - une crise institutionnelle, qui relève de l'analyse de causes à effets, mais, qui nécessite une analyse des interactions d'éléments difficiles à isoler, avec des influences co-agissantes, dérivant de sources indépendantes et se chevauchant les uns les autres. L’exceptionnelle complexité des problèmes institutionnels, politiques et constitutionnels nous amène à rechercher localement des solutions imaginatives. Et à cet égard, la volonté politique de s’attaquer à la question de la réconciliation politique nationale doit grandir davantage et s’affirmer au sein de la classe politique dirigeante, au sein de la classe politique nationale toute entière et au sein de la société civile plurielle. Car la revalorisation de notre République: la chose publique (res publica) devenue plus qu’une urgence ne peut en tout cas que s’accommoder très mal de la pesanteur de certaines pratiques et habitudes néfastes à la cohésion nationale, au vivre- ensemble béninois, à la recherche de politiques et moyens idoines pour le développement harmonieux, la justice sociale et la prospérité partagée.
Excellence Monsieur le Président de la République, depuis ma toute première communication sur cette crise – cf. "Briser la dynamique de blocage et de paralysie de notre pays " La croix du Bénin n°926 du 18 janvier 08 – et bien d’autres communications, sur cette crise à travers la presse locale, consultables sur : www.sikainfo.com; le Bénin, notre pays, m’interpelle furieusement en tant que républicain, démocrate ou citoyen lambda, même résident à l’extérieur. Mais cependant, il convient de rappeler l’observation que j’avais fait du système politique défunt - en place avant l’élection présidentielle de mars 2006. De mon observation du système défunt, il ressortait certains paramètres déterminants dont : le fonctionnement vertical, le clientélisme, le parrainage et la prévarication. Toutes choses condamnables et combattables avec le dernier souffle. Ce que la classe politique nationale dans son unanimité avait compris également. Aussi elle avait décidée – entre les deux tours de scrutin et dès votre prise de fonction, pour certains - de soutenir et d’accompagner votre premier gouvernement, et plus tard pour certains d’autres, de soutenir à l’Assemblée nationale sous l’actuelle législature les actions de votre second gouvernement. Tandis que les vaincus – du second tour de l’élection présidentielle - s’étaient eux emmurés dans une longue et silencieuse observation et évaluation des actions de vos gouvernements successifs. Fait curieux n’ayant pas manqué d’intriguer les observateurs de la vie politique nationale au point que ceux-ci ne conclurent à une absence inquiétante d’opposition au Bénin -, jusqu’aux récents événements – qui ont enregistrés le départ de vos alliés de la majorité parlementaire et élargi le camp de la concurrence -. C’est le naturel et démocratique jeu des alliances et l’expression des affinités. Rien de grave, si ce n’est que cette confrontation des camps est loin d’être saine, constructive et productive pour le Bénin. Cela ressemble même, en certains de ses aspects, à des tests pyrotechniques – qui ont heureusement manqué d’embraser le pays, Dieu est grand ! Mais que s’est-il donc passé entre-temps? Pourquoi le Bénin, naguère vitrine démocratique du continent africain, se fait-il autant peur, et fait surtout mal parler de lui aujourd’hui ? Puissions-nous être encore capable d’incarner ce centre pilote, ce laboratoire de démocratie ? Oui nous le pouvons ! Car, ce qui nous rassemble est bien plus important que tout ce qui peut nous diviser. C’est cette commune volonté d’être ensemble et de mieux vivre ensemble, de rechercher ensemble et localement un idéal démocratique et de développement économique.
Excellence Monsieur le Président de la République, toute classe politique est, pour l’essentiel, aux prises avec son époque. Elle est portée à laisser une marque profonde et à être un cercle d’action, un bouillon de culture et une source d’inspiration législative, de transformation, de régulation et de modernisation de la société. Sa volonté d’engagement qui la met souvent aux prises avec les dures réalités de la vie, ne peut que tremper son cœur et son esprit. Ses engagements ne peuvent pas être que le fruit d’une programmation ou d’une pulsion mais l’aboutissement d’une profonde analyse et l’application aux faits humains et politiques d’une longue réflexion mettant en lumière une conviction intime. Toutes choses que je ressens, que je reconnais et que je salue en vous Excellence Monsieur le Président de la République , et que je salue chez les autres Responsables politiques et élus du peuple aussi. Toutefois, la méfiance et la rancune entretenues par l’ensemble des antagonistes, semblent plomber les esprits d’ouverture et de collégialité, et c’est bien dommage. Car la solution d’un ajustement politique et institutionnel ne peut provenir de l’extérieur ; elle ne saurait, non plus, attendre 2011 pour trouver une application. Et c’est la raison pour laquelle il faut – une fois encore – interpeller le génie politique béninois comme en 1990. Et l’idée même d’une intervention extérieure sera perçue comme un déni de responsabilités collectives.
Excellence Monsieur le Président de la République, j’ai toujours pensé pour ma part q’une rupture brutale avec le système de fonctionnement du Régime défunt dès le début de votre mandat - ou même en cours - pourrait susciter des mouvements politiques et sociaux aux conséquences inimaginables. Et vous avez, me semble t’il, toujours priorisé une logique de correction, d’apaisement et de pacification, aussi certains de vos actes plaident conséquemment dans cette direction d’une gouvernance concertée. Toutefois, permettez que je vous suggère – pas seulement à vous Excellence Monsieur le Président de la République, mais à l’ensemble des antagonistes de la crise en cours – une voie alternative, celle des compromis – et non celle des compromissions et des combinaisons politiciennes -, une solution négociée de régulation – et non un "consensus mou" et sélectif qui sera vite éventré et remis en cause au gré des humeurs des uns et des autres. Il faut reconnaître que le système politique et institutionnel – hérité de la Conférence Nationale, et qui est au bout d’un cycle - est émaillé de fautes ou insuffisances. Aussi, je vous prierai - les uns les autres - de bien vouloir mettre le sort du Bénin et des béninois au-dessus des intérêts partisans des deux blocs rivaux FCBE – G4/G13/FC et des ambitions personnelles de tout un chacun. Car, il semble plus indiquer - pour les Dirigeants, Leaders, Responsables politiques, élus du peuple et Acteurs de premier plan de la société civile plurielle - qu’en période de crise, on ne continue pas à diviser ni traumatiser un peuple, ni, qu’on ne le livre au hasard du temps et du calendrier. Au contraire, on s’efforce de l’unifier et on suspend, au moins provisoirement, les antagonismes politiciens ou de toutes sortes.
Excellence Monsieur le Président de la République, je me propose pour " le Bénin de toutes nos forces" de m’investir, d’intégrer un groupe de médiation - existant ou en gestation - et dans le cas échéant, d’initier un groupe de facilitateurs locaux sélectionnés grâce à un processus consultatif - avec une représentation équilibrée des opinions politiques en conflit - , en vue d’œuvrer grâce à l’entière participation des antagonistes et de l’ensemble des acteurs de la vie politique nationale, au rétablissement des liens rompus, la recherche réciproque de solutions institutionnelles et de permettre la fertilisation du terrain des nombreuses réformes institutionnelles dont notre pays a besoin pour corriger les fautes - toutes les fautes et insuffisances par omission et passivité (volontaires ou fortuites) - du processus électoral et aussi les insuffisances de nos institutions de contre-pouvoir.
Excellence Monsieur le Président de la République, ma démarche n’a pas d’autre ambition que celle de contribuer à faciliter - dans un processus volontaire, dont les décisions seront basées sur des accords négociés - l’intelligibilité du dialogue et des rapports entre acteurs de la vie politique, au sein des courants idéologiques ou regroupements politiques, relativement nébuleux. Aussi, la mission doit avoir pour objectifs principaux, entre autres préoccupations des parties à prendre en compte :
1- la cessation des tensions, conflits et les rhétoriques de la division entre les blocs FCBE et G4/G13/FC
2- l’incitation à une réflexion interdisciplinaire, en vue de parvenir à une fécondation croisée des idées ; à la régulation et à la réconciliation nationale
3- la mise en place, sans tarder, d’une nouvelle organisation solidaire de diffusion des idées nouvelles et d'actions ; ou – et - la réforme de certaines institutions
4- l’instauration d’un effort global de promotion d'une active compréhension entre les acteurs de la vie politique nationale
Cependant, afin que les nobles principes qui devraient valider l’engagement politique, ne soient pas jetés aux orties, voire piétinés, il serait plus qu’urgent - à l’issue des phases de négociations - de tenir" une table ronde de réconciliation politique nationale", incluant des acteurs de la vie politique nationale, les représentants de la société civile plurielle, les délégations des organisations des béninois de l’extérieur, en vue de restructurer notre processus démocratique.
Excellence Monsieur le Président de la République, la paix constitue la principale richesse de toute Nation. Aucun sacrifice n’est de trop pour la préserver, la consolider et la promouvoir. Nos efforts aux uns et autres seront incommensurables. Je vous encourage à continuer à privilégier le dialogue - comme vous en avez toujours eu le souci. Car dialoguer permet de résoudre les problèmes. Mais, lorsque ceux-ci – les problèmes - persistent, la communication – c'est-à-dire la prise en compte des intérêts des uns et des autres – ne permet-elle pas de mettre fin aux conflits ? Par conséquent, mon savoir être – qualités personnelles d’écoute, d’analyse, de synthèse et de maîtrise de soi - ; ma capacité de régulation strictement orientées vers la recherche de solutions et mes motivations orientées vers la résolution de cette crise – qui nous torturent tous - ; mon attachement à l’endiguement des conduites inciviles et au rétablissement du climat de confiance et au rétablissement du sentiment de sécurité , renforcent ma conviction de me mettre au service de la Nation – avec toutes les bonnes volontés - en cette période confuse et très difficile pour notre chère Patrie le Bénin. Je terminerai mon adresse par cette phrase de Jean Hatzfeld : La réconciliation, c’est le partage équitable de la confiance. ”Si les lèvres pouvaient murmurer ce que pense le coeur, c’est le chaos pour tout le pays.”
Excellence Monsieur le Président de la République, je vous remercie très sincèrement pour votre délicate écoute. Que Dieu vous éclaire et vous bénisse. Que vive le Bénin ! Que l’Afrique soit !
Fait à Paris, ce 17 Novembre 2008
Guillaume ADOUVI - Consultant en communication et système d’information – Directeur de Publication / Portail - www.sikainfo.com
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Merci cher compatriote pour cette initiative productive et édifiante. Puissent les mânes de nos ancêtres vous entendent et guident le coeurs de nos dirigeants et responsables politiques. A présent, faites en sorte que cette lettre soit lue par qui de droit, je veux dire la classe politique toute entière.
Rédigé par : AKIFEWA Souley | 19 novembre 2008 à 14:35