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Certitudes diaboliques
La guerre est un de ces fléaux humains qui sont ou deviennent à terme internationaux. Elle l’est lorsque deux nations s’entredéchirent ; elle l’est tout autant lorsqu’une même nation est saisie par son démon. Car les autres nations à trop vouloir rien n’y avoir affaire risquent d’être taxées de non assistance à nation en danger.
Mais la guerre est aussi une chose qui se prépare. Et la supériorité militaire ne suffit pas à la victoire ; la victoire militaire non plus ne suffit pas à la victoire finale : historique ou morale. Du reste, ces dernières passent par la victoire diplomatique comme issue et non substitut à la guerre.
Depuis quelque temps, tout observateur attentif de l’actualité politique béninoise a pu remarquer que le Président Yayi Boni a bien pris acte des nécessités et imbrications entre politique et polémologie dans le monde actuel. Dans la guerre politique larvée qu’il livre à la majorité réelle du pays, il pose des actes qui montrent bien qu’il se prépare à la guerre finale qui va venir. Et il sait par quel bout circonvenir l’ennemi : la dimension internationale et diplomatique de la guerre. Puisque la pomme de discorde, l’épine plantée dans le pied de la paix nationale est la LEPI, le président prend les devants et tient à monopoliser hiérarchiquement la dimension diplomatique et internationale. Et par là, il l’annonce et la certifie conforme aux prophéties les plus sombres qui nous guettent dans les mois à venir.
Deux actes trahissent cette sinistre certification : 1°) La récente invitation des représentants de l’Onu à venir mettre leur nez dans les discussions autour de l’entente difficile sur la Lépi ; et qui a donné lieu de la part de ceux-ci à une approche déséquilibrée de l’écoute des parties prenantes à la discussion ; les représentants de l’ONU donnant le sentiment de considérer le gouvernent comme interlocuteur privilégié, tandis que l’opposition ferait figure d’artefact diplomatique. Comme s’il s’agissait d’un échange international. 2° Le fait que dans la lettre par laquelle le chef de l’Etat demande l’abrogation de la proposition de loi anti-Lépi, il excipe de dispositions de la convention de la CDEAO, c’est-à-dire d’un organisme supranational et international, auquel est fait appel pour contrevenir à la souveraineté du peuple exprimée par ses représentants nationaux dûment élus. Bien sûr on nous dira que la Lépi est financée par "nos partenaires économiques" mais cela seule n'épuise pas la démarche et les motivations du chef de l'Etat ; car vu que tout ou l'essentiel de ce que nous faisons est financé par ces partenaires, nous devrions nous en référer à eux sur toute chose ; ce qui pose le problème de notre autonomie et du sens de notre démocratie. Serions-nous une démocratie sous tutelle internationale ?
Du coup, vu de la lorgnette instable de Yayi Boni, on ne sait plus de quelle promontoire et par rapport à quelle référence on doit gouverner le pays. Qu’un Président aussi régionaliste que Yayi Boni fasse appel à des instances supranationales pour régler des questions nationales montrent très bien le peu d’attachement et de respect qu’il voue à la nation en tant que telle. Cette attitude en dit long sur la volonté de faire flèche de tout bois. Elle montre que Yayi n’est pas seulement un va-t-en-guerre dangereux, mais qu’il est déjà en guerre, et se positionne à l’avance sur le terrain où toute victoire prend sens : le promontoire international rationnel qui s’oppose au bas-fond sordide et irrationnel de la nation, fût-elle unie ! La caricature est aussi une arme de guerre. Quoi qu'il en soit, cette volonté de prendre le monde et la sous-région à témoin éclaire sur les certitudes diaboliques et les funestes desseins de Yayi Boni...
Éloi Goutchili
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