Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur… :
Travers Séculaire
En Afrique, continent qui détient le record mondial des calamités, nous sommes habitués à faire appel aux pays occidentaux et aux organisations internationales. Que nous appelons en toute circonstance à notre secours ou à nos chevets, entre inondation, famines et guerres civiles récurrentes. Et cette situation qui découle d’une histoire que nous avons plus subie que choisie a crée malheureusement une culture et un besoin de dépendance, qui agissent sur nous souvent à notre corps défendant. Maintenant avec Yayi Boni au Bénin, cette manie est devenue un jeu d’enfant : les organisations internationales, mondiales ou africaines, sont directement conviées pour arbitrer ou entendre de nos disputes politiques stériles. La chose est inouïe. Certes ce faisant, Yayi Boni qui, arrivé démocratiquement au pouvoir, n’entend pas s’en retourner tout aussi démocratiquement, est en train de conditionner l’ONU pour sa guerre de confiscation du pouvoir en 2011 ; le cas échéant, il aurait l’air d’avoir anticipé les choses et tenir le beau rôle du Président rationnel au-dessus de la mêlée irrationnelle de ses opposants. Mais imagine-t-on un instant que malgré les nombreuses dissensions qui existent dans la société politique français, Sarkozy invitât des représentants de l’ONU pour en entendre parler et éventuellement aider à les résoudre ?
Non, ce genre d’abdication de son autonomie et de sa majorité n’arrive que chez nous. Phénomène typiquement négro-africain, que l’on imagine même pas en Afrique du Nord. Or donc ce n’est pas la première fois que, peu désireux de faire preuve de sagesse, Yayi Boni croit pouvoir intimider ses opposants en s’abritant derrière l’intermédiaire mythique d’une organisation internationale. Organisation dont les fonctionnaires – humains trop humains, souvent sensibles au pouvoir, aux honneurs et autres avantages – ont montré par le passé combien ils pouvaient entrer sans états d’âme dans le jeu d’instrumentalisation et de subornation d’un régime moralement douteux. Mais quelles que soient les déviances personnelles de ces procédures arbitrales et les manipulations auxquelles elles s’exposent, il reste qu’elles trahissent une culture de dépendance qui en même temps qu’elle donne aux autres, – les Blancs ou les organisations internationales – le rôle du Père, nous confère automatiquement celui de l’enfant. Et là-dessus, il n’est pas superflu de se demander si ce que nous gagnons vaut ce que nous concédons. Après cela, pourquoi s’étonner que la Cour Pénale Internationale ne s’acharne que sur des Africains...? Cette attitude qui consiste à faire appel à l’autre ou l’étranger pour en découdre avec son propre frère, n’est pas sans rappeler le modèle d’extraversion politique sur lequel se sont appuyés les Blancs pour sceller le destin de notre race et assurer sa domination pendant des siècles. Car une nation, c’est aussi une famille, et le linge sale, dit-on, se lave en famille. Avoir la propension, comme Yayi Boni, à salir le linge national et dans le même élan être prompt à l’exposer sur la place publique sous le prétexte fallacieux de vouloir le laver, est au mieux l’expression névrotique d’une conduite paradoxale, au pire un jeu de dupe. Dans tous les cas, une telle conduite jette sérieusement le doute sur le sens de la famille de celui qui la tient. Et de la part d’un leader national ce défaut a de quoi inquiéter, car dans une nation, qui mieux que le Président doit avoir le sens de la famille ?
Éloi Goutchili
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