Dowden : “le pétrole est la malédiction du Nigeria”
ABUJA-Mr. Richard Dowden, directeur de la Société africaine de Londres, hier, a identifié la corruption endémique, la mauvaise politique, l'échec des politiques économiques, la sur-dépendance vis à vis du pétrole, le favoritisme dans les nominations et la mauvaise réputation du pays comme les sources principales de la lenteur du développement du Nigeria
Dowden, qui était le conférencier hôte de la conférence commémorative de l’indépendance à Abuja, a déclaré à un rassemblement de hauts fonctionnaires du gouvernement, y compris les membres du Conseil exécutif fédéral, dirigé par le président Goodluck Jonathan, le Président de la Chambre des représentants, gouverneurs et autres, que la découverte du pétrole a été une malédiction pour le Nigeria, dans la mesure où elle l'a conduit à la corruption, au pillage des ressources par les responsables gouvernementaux corrompus.
Le conférencier qui a noté que les principaux acteurs du secteur privé ont également contribué aux pauvres indices économiques du pays, avec l'habitude de pratiques frauduleuses telles que l'évasion fiscale, a ajouté que les difficultés économiques du Nigeria ont commencé avec l'avènement du pétrole, qui, selon lui, a conduit à un manque d'initiative de la part des gouvernements successifs.
Dowden, qui a prononcé la conférence, intitulé «Nigeria en transformation» au Tafawa Balewa House, siège du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que pour que le Nigeria puisse revenir à l'ère post-indépendance dans laquelle il enregistrait de l'excédent commercial, les investissements doivent être faits en vue d'exportation des cultures de rente.
Il a épinglé les membres de l'Assemblée nationale, pour leurs salaires qui sont les plus élevés au monde en tant que parlementaires. Dowden a averti que le pays ne pouvait pas continuer avec la disparité socio-économique entre les riches et les pauvres.
« Je crois que le pétrole est une malédiction, a-t-il déclaré, comme dans le cas légendaire du roi Midas. Lorsque le roi Midas était roi, il voulait que tout ce qu'il touchait se transforme en or. Tout ce qu'il touchait se transformait en or, mais il a fini par mourir de faim ! En effet, quand il touchait la nourriture et les boissons, elles se transformaient en or. Est-ce que le pétrole a rendu ce pays riche ? Non, bien au contraire ! »
Ancien correspondant de la BBC Michaela Wrong et un poète de renom, Odia Ofeimun, participants à la conférence, ont appelé le gouvernement à mettre fin à la distribution inégale des richesses qui va de pair avec la réduction des opportunités pour les Nigérians aux échelons inférieures de la société.
Le président Jonathan, dans son allocution qui a suivi les commentaires des invités, a réitéré l'engagement de son administration à transformer le pays. Il a préconisé une meilleure présentation du Nigeria par les médias et les élites, auxquels il a reproché de se livrer au lavage de cerveau d’un public acculé au désespoir.
Le président, tout en promettant d'améliorer l’alimentation, a insisté qu'il pourrait initier le changement par la création d'institutions, et l’appel aux meilleurs cerveaux de la diaspora à rentrer chez eux pour contribuer au développement national.
Il a déclaré qu’à l’issue de son programme de réformes, le Nigeria en finira avec les déficits budgétaires et abordera le retour à la stabilité, à la transformation complète de son statut de pays dépendant des produits pétroliers.
« Quand je vois des gens dans mon bureau, je dis toujours que seulement quelques personnes auraient eu besoin de me voir si le système fonctionnait. Les Ministres n'ont pas besoin de me voir si le système fonctionne. »
«Les ministres ont un budget approuvé par l'Assemblée nationale pour faire fonctionner leurs ministères, leurs projets récurrents et spéciaux. S’ils sont compétents, ils peuvent gérer leurs domaines d'une manière telle que les Nigérians sauront qu'ils font du bon travail », a-t-il ajouté.
« Beaucoup de choses n'ont pas été faites correctement, nous avons beaucoup de points négatifs, en raison de cela probablement, et parce que beaucoup de choses ont besoin de l'intervention du président, vous avez envie de modifier les choses qui ne tournent pas rond. Maintenant nous sommes dans le processus de réalisation de ces corrections, une fois que nous auront fini avec ce type de restructuration, le Nigeria, se trouvera à sa juste place, là où nous voulons qu’il soit, je n'ai aucune crainte à ce sujet.
«Le problème du pétrole qu’a soulevé Dowden est vrai. Tous les pays dotés de ressources minières ou pétrolières ont tendance à engendrer la corruption. L'industrie extractive a tendance à engendrer la corruption. J'ai fait la déclaration quelque part, que dans dix ans ou à peu près, nous devrions être en mesure de gérer le pays sans pétrole. Et nous pouvons le faire.
« Si vous regardez la taille du Nigeria, de toutes les importations générales qui viennent en Afrique, 20% viennent chez nous. Si nous gérons bien les ports seuls, le revenu généré sera suffisant pour faire fonctionner le gouvernement.
« Parce qu'il y a beaucoup de réseaux obscurs, les choses ne sont pas bien faites, les marchandises doivent être apurées dans d'autres pays et transférées vers le Nigeria. Et si on fixe un certain nombre de choses que nous devons corriger, les gens peuvent se plaindre que c’est de la politique, mais nous devons faire ces choses, nous n'avons pas le choix. Lorsque toutes ces institutions seront fixées dans dix ans nous pourrons gérer le pays sans le pétrole.
« Pour nous, en tant que peuple, nous devons regarder les autres et apprendre là où ils ont bien fait et ne pas copier leurs erreurs. Il a été écrit dans son livre et il a fait la déclaration ici que tout le monde pensait que le pays allait s'effondrer, que le Nigeria va être un État défaillant. Mais le Nigeria est en mouvement.
« Il a dit que nous avons de très bons cadres, certains des universitaires, il a demandé pourquoi ne pouvons-nous pas nous prendre en main, et tel est le point nodal. Nous avons des gens fantastiques dans le monde entier, pour nous d'avoir 25 000 médecins qui travaillent en Amérique, la question est de savoir comment pouvons-nous utiliser ces talents et ces cerveaux que nous avons pour faire évoluer ce pays?
«Je promets aux Nigérians que sûrement, nous allons faire évoluer ce pays. Nous allons employer tout ce que nous avons à construire des institutions fortes pour faire évoluer ce pays. »
trad. Binason Avèkes
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