Nous Pouvons Vaincre le Mal Béninois
On dit souvent que le Béninois est enclin à la jalousie. Mais en vérité, la jalousie du Béninois n’est que l’espèce d’un mal plus général du lien ou de la représentation de soi sociale. En fait, avant d’être jaloux, le Béninois ( du sud) est frappé d’une surdité historiquement acquise à l’appel instinctif de l’altérité sociale, une surdité à comprendre l’autre social ; comprendre c’est-à-dire étymologiquement co-prendre. Il s’agit de cette aptitude à accepter, vouloir et faire en sorte que son bonheur passe par celui de l’autre et réciproquement ; et que le malheur de l’autre induit aussi le nôtre, que le lien social n’est pas un jeu à somme nulle. Cette surdité au lien social est la sève noire de ce que nous appellerons l’"Infraternité", comme Fernando Pessoa, le poète portugais définissait le mot “intranquillité”
Dans sa chronique d’aujourd'hui, Jérôme Carlos aborde le sujet sous l’angle de la confiance, et donne une explication historique du mal. Mais outre que la vision que nous avons de l’esclavage doit être corrigée des variations fantasmatiques, clarifiée et débarrassée des lieux communs manichéens qui l’entachent, il paraît plus rigoureux de ne pas dépendre ce fléau sociologique complexe d’une seule cause. Jérôme Carlos qui fait profession de moraliste positiviste nous laisse un peu sur notre faim. Puisqu’il ne nous suggère aucune solution, aucune voie de sortie. On a le sentiment qu’il tient le mal pour une fatalité inéluctable. Mais, à notre avis il ne l’est pas. Tout dépend de notre volonté… collective ( ce qui est en soi un cercle vicieux, puisque c’est justement cette collectivité dans la volonté ou cette volonté dans la collectivité qui nous fait défaut, mais enfin…! ) Courage : la solution peut se trouver dans l’éducation. À condition que les pouvoirs publics, ceux qui conçoivent la philosophie de l’éducation en prennent eux-mêmes conscience et agissent. Les organisations sociales et communautaires, les religieux, les médias, les hommes politiques, les artistes, les écrivains, les familles, bref tout le monde doit mettre la main à la pâte pour faire de l’éradication de ce mal sur une génération, le défi d’une génération. Cette éradication est la condition nécessaire de l’éradication de l’individualisme pathétique qui mine profondément la mentalité béninoise et annihile chez nous l’action collective, gage de paix et de progrès.
Binason Avèkes
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