Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…
Haine de Soi
Au Bénin, les Nordistes montrent un sens élevé de la solidarité, et du lien collectif. Et, même lorsqu’ils sont pris par le diable de la discorde, comme cela arrive dans tout groupe humain, ils savent entendre raison, et ne poussent pas le conflit jusqu’au seuil de l’anomie. Ils se font plus volontiers confiance. La jalousie n’est pas chez eux une valeur culminante et l’individualisme ne résiste pas au principe intériorisé de la vie collective. Tout le contraire de ce qui se passe au Sud où l’on ne jure que par l’individualisme, le chacun pour soi, la jalousie et la méfiance du prochain considérées comme des valeurs.
Cette différence éthique entre le Nord et le Sud du Bénin ne fait l’ombre d’aucun doute. On en voit la traduction sur le plan humain, mais aussi politique. Pourquoi les Béninois du Sud, ne demandent qu’à voter frénétiquement pour un homme politique étiqueté du Nord, alors qu’aucun Nordique ne votera jamais pour un homme politique du Sud ? Le Béninois du Sud, justifie son inclination bâtarde souvent de façon intellectuelle en prenant la posture spirituelle d’un démocrate épris de valeur nationale et d’égalité citoyenne. Or dans le même temps, il est attaché au tribalisme et au régionalisme qui sont des tares de la vie politique nationale. Paradoxe, mais paradoxe apparent. Car ces belles justifications ne sont pour le Sudiste qu’une façon de rationaliser une inclination éthique dont les racines plongent dans un terreau de haine de soi et de défiance du lien social.
Comment expliquer la supériorité morale du Nord sur le Sud ?
Quelques pistes de réflexion très sommaires :
1) En raison de la culture islamique dominante dans le Nord, et qui comme on le voit chez certaines catégories de sudistes de culture islamique comme les Yoruba, est plus porteuse de solidarité et raffermit de lien social.
2) En raison du fait que le Nord n’a pas été un foyer politique florissant de la traite négrière outre atlantique
3) En raison du fait que le Nord n’a pas été exposé au début à l’influence du colonisateur, et a su de ce fait se protéger de ses séquelles et corruptions morales valorisées béatement par les Sudistes.
4) Le fait qu’il n’y avait peut-être pas un royaume unique dominant dans un nord qui n’était pas unique, ce qui crée les conditions d’une cohabitation harmonieuse, une sorte de fédéralisme culturel et politique. Alors que dans le sud, en raison de l’unité symbolique de base, l’unité politique est à la merci des humeurs et de la défiance des tribus, dans un contexte de repli sur soi suscité et attisé par les guerres de la traite négrière…
La liste des causes est ouverte, à chacun d’y réfléchir et d’agir en sorte que ce fléau soit de plus en plus conjugué au passé, pour que tournant le dos à l’individualisme et à la haine de soi, les Béninois du Sud puissent mettre en commun leur valeur et leur talent au service de la paix, de l’unité nationale et du progrès.
Éloi Goutchili
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