Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Évacuation Ontologique
Evacuer, tel est le mot en faveur au Bénin pour désigner et masquer en même temps notre irresponsabilité socio-sanitaire et infrastructurelle. Et notre société, au lieu de les prendre à bras le corps s’est muée en une machine à évacuer ses responsabilités. Nous avons perdu toute comparabilité avec un corps vivant : en effet, celui-ci n’évacue que ses déchets. Mais nous évacuons nos essences : notre jeunesse, notre force de travail, nos cerveaux, nos belles femmes, nos hommes les plus valides, nos langues, nos matières premières. Et nos malades aussi, évidemment. Tout ceci au nom de la bonne conscience de la pauvreté. Mais la pauvreté a bon dos dans une culture politique entée sur le vol et l”impunité. Une culture où le chacun pour soi d’avant l’âge de pierre défie l’instinct de solidarité collective. Pourquoi s’enliser dans la culture de l’évacuation sanitaire si la fortune cumulée des 10 premiers voleurs d’Etat d’un pays est largement suffisante pour y financer la création d’un hôpital digne de ce nom ? Pendant combien de temps évacuerons-nous ? Et si tous les pays du monde évacuaient, où évacuerions-nous ?
Finalement tout se tient dans nos mœurs et pratiques, notre fonctionnement et notre destin. Nous ne posons l’extérieur comme supérieur que parce que nous chérissons la reptation infantile des êtres inférieurs. Nous évacuons nos malades parce que nous évacuons notre santé, nous évacuons notre essence parce que nous évacuions notre sens. Nous évacuons toute science parce que nous évacuons notre conscience. Bientôt nous évacuerons notre mort et la boucle sera bouclée. Cela s’appelle “Être par procuration”. Quand évacuerons-nous le masque sordide de l’irresponsabilité ?
Éloi Goutchili
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