La nouvelle est tombée le 25 décembre, fête de Noël, comme une bombe, un choc pour l’opinion publique. L’émotion dans les conversations de rue, les réactions des personnalités qui comptent dans ce pays, l’embarras des avocats et la tension dans les milieux politiques, voilà les effets de l’arrestation, puis la mise en garde-à-vue, et peut-être la détention de Simon -Pierre Adovèlandé, coordonnateur du Programme du Millénium Challenge le mieux réussi et le mieux géré en Afrique, sont éloquents. Simon-Pierre Adovèandé comparaitra ce jour, et l'opinion publique s'interroge avec raison sur le sort qui lui sera réservé.
Acharnement politique ? Mais de quoi s’agit-il ?
Il s'agit d'une société créée pour faire la promotion immobilière à Abomey-Calavi. Un groupe nommé GBB, une société constituée par un certain nombre de personnes, dont les casiers judiciaires ne sont pas a priori, ceux de délinquants, même si à un certain niveau, leurs collaborateurs ont commis des erreurs. Pierre-Simon Adovèlandé a participé à cette aventure dans ce groupe dont il a été le président du conseil d'administration. Ce groupe, pour réussir ses ambitions de construction et de vente de villas, avait contracté le 20 septembre 2002 auprès d'une société financière un prêt en cofinancement de 103 unités de logement pour environ 525 millions. Un autre prêt a été fait en 2004, pour la seconde phase du projet, d'une valeur d'environ 900 millions pour construire 225 villas. Entretemps, à partir de 2007, le groupe a connu certainement des difficultés diverses et n'a pu répondre à ses engagements de remboursement comme il se doit. Echaudé, un des financiers, fait l'incroyable : diligenter un audit dans la société de son emprunteur ! Cet audit aurait révélé des difficultés de trésorerie de GBB, des écarts de trésorerie, des manques à gagner dus à l'attribution forfaitaire de logements à des personnes appartenant au groupe, création de filiale... une série de fautes de gestion. Une procédure qui ressemble à ce qu'un prêteur, un peu tyrannique, aurait fait, en s'arrogeant le droit d'entrer dans l'intimité de l'emprunteur, en allant demander ce qui compose ses repas, ce qu'il a acheté à ses enfants et à sa femme… bref ce qui ne le regarde pas en fait. L'objet du contrat porte sur un montant prêté et son remboursement et pas sur autre chose. Le financier n'étant pas l'ordonnateur du projet, peut-il s'arroger le droit de l'auditer ? Malheureusement, après avoir constaté une cessation de payement, alors même que la société a payé une partie de la dette, le financier a porté plainte auprès du juge et s'est constitué partie civile. Le Parquet n'intervient pas directement dans ce cas avant le jugement, parce que ce n'est pas une affaire pénale. Mais, la citation faite après et envoyée aux répondants du groupe GBB, comme Simon Pierre Adovèlandé, en tant que président du conseil d'administration, parle de «banqueroute frauduleuse ». Elle date seulement du 23 décembre 2009. Elle prévoyait une comparution le 5 janvier 2010, c'est-à-dire après les fêtes de fin d'année ! Or, Simon Pierre Adovelandé est arrêté le 25 décembre !
Comme si on a mis la pression !
Cette arrestation a été le fait d'une autre citation, celle-ci directe, permettant au Parquet d'agir directement et vite. Alors on se pose la question : pour quelle affaire le coordonnateur de Mca-Bénin, a été arrêté et entendu depuis ? L'affaire en banqueroute frauduleuse (une affaire civile) ou une autre affaire nécessitant une procédure pénale ? L'affaire à laquelle Adovèlandé est liée, à cause de son statut de président du Conseil d'Administration du groupe GBB et non parce qu'il est personnellement impliqué dans une fraude, est une affaire civile et non pénale. A moins qu'avant même de juger du fond du dossier, le Parquet ait estimé qu'il y avait des éléments suffisants pour qualifier cette affaire de banqueroute frauduleuse, lui permettant ainsi de s'autosaisir du dossier et de mettre en garde-à-vue le président du conseil d'administration. Une comparution était déjà adressée pour le 5 janvier 2010, et on ne peut pas penser qu'il y ait une telle volonté de la part d'Adovèlandé d'échapper à la justice, qu'on fut obligé de faire diligence par une action préventive ! Alors on peut se demander aussi pourquoi subitement, la partie civile à la veille de Noël, s'est empressée de mettre la pression et d'aller parallèlement à la citation indirecte, porter plainte directement auprès du Parquet, amenant le procureur à demander au commissariat central qui aurait été prudent, de faire présenter le président du conseil d'administration et de finir par le mettre dans une situation telle, qu'on puisse le maintenir ? Par ailleurs, peut-on prendre une telle décision à la légère, contre quelqu'un qui gère avec des félicitations, un Programme aussi hautement stratégique et aussi important pour le développement du Bénin? Selon l'un des avocats d'Adovèlandé, quel est le niveau de responsabilité d'un président d'un organe délibératif, celui qui planifie et contrôle a posteriori les rapports d'activités des directeurs exécutifs, dans le bilan de gestion de la société, sinon de prescrire des orientations, des corrections? Pierre-Simon Adovèlandé peut-il assumer, jusqu'à faire la prison, des actes qui ne sont pas directement de son seul fait ? Et les autres membres du conseil d'administration ? Car, ce n'est pas Simon PierreAdovèlandé, en tant qu'individu, qui est mis en cause, mais une société composée d'actionnaires, et ceci dans une affaire d'insolvabilité qu'on tente visiblement de transformer en une affaire de faillite et de fraude ! Pourquoi cet empressement alors que le 5 janvier prochain, dans quelques jours seulement, l'affaire passera devant le juge ? Ce sont tous ces raccourcis procéduriers, qui font dire aux gens qu'il y a présomption d'acharnement ou même qu'il y a de l'acharnement, vu la promptitude qu'a prise soudainement la procédure, sans même tenir compte, ni du niveau de représentativité de cet homme dans la société béninoise et sur l'échiquier mondial, ni de la sauvegarde du succès et du profit que le Bénin tire de la bonne gestion de cet homme, du Programme Millénium Challenge Bénin (Mca-Bénin). L'opinion publique soupçonne un acharnement d'autant plus que la presse avait, en son temps, fait état d'accusations et de montages rocambolesques, tendant à prouver qu'il chercherait des soutiens extérieurs pour devenir candidat en 2011 à la présidence de la Ré y a présomption d'acharnement ou même qu'il y a de l'acharnement, vu la promptitude qu'a prise soudainement la procédure, sans même tenir compte, ni du niveau de représentativité de cet homme dans la société béninoise et sur l'échiquier mondial, ni de la sauvegarde du succès et du profit que le Bénin tire de la bonne gestion de cet homme, du Programme Millénium Challenge Bénin (Mca-Bénin). L'opinion publique soupçonne un acharnement d'autant plus que la presse avait, en son temps, fait état d'accusations et de montages rocambolesques, tendant à prouver qu'il chercherait des soutiens extérieurs pour devenir candidat en 2011 à la présidence de la République. Il y a quelques jours seulement, il revenait du sommet Africités au Maroc, auquel il a invité des maires de quatre grandes communes partenaires du programme « Accès au foncier ». La rencontre avec les maires béninois présents à ce sommet aurait été des plus chaleureux, car tous étaient fiers de ce programme et de la personnalité de son coordonnateur. De là, à faire une liaison avec les titres de certains journaux sur 2011, il n'y a qu'un pas que certains franchiront facilement. En tout cas, quelles que soient les motivations de droit ou d'indépendance qui seront invoquées sur ce dossier de la Noël, il est devenu un cadeau empoisonné.
Léon BRATHIER
Journal L'AUTRE QUOTIDIEN 28/12/09
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