OBSERVATOIRE PROSPECTIVE, ANALYSE SUR LA SOCIETE BENINOISE, ETHIQUE ... : Le droit de parler, le devoir de se taire Colloque international sur les relations Afrique-Chine. Les acteurs des médias apprécient le classement du Bénin.
La sagesse des nations nous l’enseigne : « Si ce que tu as à dire n’est pas plus important que le silence, alors tais-toi ». Précieuse leçon de vie qui fixe les conditions à réunir, les exigences à observer si l’on veut prendre la parole ou si l’on se veut porteur d’une parole, de la parole publique notamment.
Car l’arène publique bruit de discours multiples et divers, sans que ceux qui l’animent, en tenant ainsi le crachoir, aient toujours une claire conscience de leur responsabilité.
Pourquoi des acteurs de premier plan qui avaient eu longtemps le privilège, dans l’espace public de notre pays, de capter l’intérêt et l’attention de leurs compatriotes, se taisent-ils soudain ou perdent-ils subitement la voix ? N’ont-ils plus rien à dire qui soit plus important que le silence ? Ont-ils jamais eu quelque chose à dire qui soit vraiment important ? Ne sont-ils pas plus importants dans le silence que dans la parole ?
En observant notre scène publique, il y a des cas de silence qui troublent. Ces cas ne peuvent manquer d’interpeller, de nourrir la réflexion en vue de cerner la dialectique du silence et de la parole, deux pôles d’une seule et même réalité qui n’est que la vie. Car il vaudra toujours mieux se tailler la réputation de quelqu’un qui tient parole ou qui n’a qu’une parole que de se mettre sous la tutelle de la loi du silence ou de se commettre à la conspiration du silence, toutes postures pas très catholiques et qui cachent quelque chose.
Le premier cas qui nous vient à l’esprit, dans ce jeu subtil de la parole et du silence, c’est celui de Lionel Agbo. Nous avons affaire à un homme de la parole, au sens bambara de maître de la parole. C’est toujours un régal d’entendre cet homme dont l’atout maître sur la scène publique, dans l’arène politique, demeure sa grande capacité à dire et à bien dire.
Il fut alors l’un des tout premiers jeunes Béninois à tutoyer la fonction présidentielle en se portant candidat à l’élection de 1996. Il fut aussi chef de parti politique lancé à l’assaut du pouvoir d’Etat. Les consommateurs des produits GSM ne sont pas prêts d’oublier qu’il fut leur défenseur le plus constant et le plus éloquent.
Avec ces différentes casquettes, l’homme avait une arme redoutable, sa parole qu’il avait des raisons de croire plus importante que le silence, synonyme, dans le cas d’espèce, d’indifférence voire de trahison. Il avait le sentiment d’être en mission et portait sa parole comme une récade, du nom de cette petite canne qui servait de sauf-conduit aux émissaires des rois de l’ancien royaume du Danhomê.
Mais depuis, plus rien. L’homme semble avoir disparu, corps et biens, dans l’océan d’un immense silence. Les héros sont-ils fatigués ou ont-ils donné leur langue au chat ? Qui a pu faire taire celui qui a laissé ainsi et depuis orphelins les consommateurs des produits GSM ?
Le deuxième cas est celui de Roger Gbégnonvi. Comme membre en vue de la société civile, il était une étoile qui brillait dans le vaste ciel. Au vrai, l’homme incarnait les aspirations et les attentes du plus grand nombre de nos compatriotes. Et il savait les exprimer par sa plume enchantée, par sa verve intarissable. Il était présent sur tous les fronts, visible sur tous les médias, nanti d’une parole forte, parfois inspirée, toujours engagée.
Tout d’un coup, l’homme bascula, rentra au gouvernement. Mais aussi dans des liens de solidarité qui réduisent forcément les marges de manœuvre. Mais encore dans des complicités de pouvoir qui imposent naturellement une certaine obligation de réserve. L’ancien militant de la société civile marquait désormais le pas derrière l’homme politique avant qu’il ne s’essoufflât et que sa voix ne s’enrouât. On ne peut servir deux maîtres …
Ce dédoublement désormais difficile, a pour résultat une parole embrouillée, sur l’image brouillée d’un homme qui s’est condamné à se débrouiller, vaille que vaille, pour sauver, en termes de crédit personnel, ce qui peut encore l’être.
En vérité, la dialectique de la parole et du silence, dans toute société, procède toujours par catégorisation, en déterminant différents types de citoyens. Il y a, d’une part, ceux qui n’ont plus rien à dire, ayant épuisé le registre de leur discours. C’est justice qu’ils se taisent ou qu’ils se contraignent au silence. A cours de munitions, le chasseur doit renoncer à la chasse et rentrer à la maison. Il y a, d’autre part, ceux qui ont encore quelque chose à dire, mais qui payent ou qui se rachètent désormais par le silence le fait d’avoir eu à trahir leur parole. Pour dire que la parole est à l’image de l’huile qui, renversée, ne se ramasse plus. Il y a, enfin, ceux qui n’ont jamais rien dit de bon et dont le silence a quelque chose de bon, a valeur, pour eux-mêmes, d’un remède salvateur. Si la parole est à exiger comme un droit, le silence est à prescrire comme un devoir.
Jérôme Carlos
La chronique du jour du 30 avril 2009
Colloque international sur les relations Afrique-Chine |
Le professeur Aguessy œuvre pour un panafricanisme de valeur
« Enjeux, défis et perspectives ». C’est le thème du colloque international sur les relations entre l’Afrique et la Chine ouvert hier à l’Institut de développement et d’échanges endogènes (Idee) à Ouidah sous la direction du professeur Honorat Aguessy.
Il est question de s’appuyer sur l’exemple chinois pour réussir le panafricanisme. Plusieurs personnalités politiques ont fait le déplacement. Le maire de la localité, Sévérin Adjovi, le président du Conseil économique et social, Raphiou Toukourou, l’ancien ministre pendant la période révolutionnaire, Ali Houdou, le secrétaire de la Confédération générale des travailleurs du Bénin, Pascal Todjinou, des jeunes et des panafricanistes ont répondu à l’appel du chercheur Aguessy. Au cours des discussions qui vont durer jusqu’à lundi prochain, il sera démontré qu’aucun continent de la taille et de l’importance de l’Afrique ne saurait être marginalisé, vivre et prospérer en vase clos. Il est aussi question d’indiquer que les relations entre différents ensembles et pays impliquent des exigences, des normes et des comportements à respecter, et préciser comment amener les rapports entretenus à déboucher sur le partenariat gagnant-gagnant. Comme résultats à la fin du colloque, il est prévu la circonspection dans les relations entre les Africains et les étrangers, des horizons pour trouver des marchés de travail à la jeunesse, la diversification de la coopération, la meilleure connaissance de l’interlocuteur en vue d’un rendement pertinent et des acquis adéquats pour les opérateurs économiques.
« Chacun sait que les relations entre la Chine et l’Afrique ne datent pas d’aujourd’hui », a déclaré le professeur Honorat Aguessy, avant d’ajouter que des diplomates venus de l’Egypte des Mamelouks, du Sultanat de Malindi et d’autres régions d’Afrique, étaient en relations étroites avec les Chinois. Pour lui, la Chine est un partenaire privilégié pour le développement du contient africain. Comme le responsable de l’Institut de développement et d’échanges endogènes, tous les invités ont vu la pertinence du renforcement des relations avec la Chine pour que le panafricanisme devienne une réalité.
Jules Yaovi Maoussi |
Vincent Foly, Directeur de publication du quotidien La Nouvelle Tribune a présenté le thème 2, intitulé : « L’état de la liberté de la presse; pourquoi le déclassement du Bénin par Reporters sans frontière » Il a estimé que le Bénin a reculé du fait de la violation des droits de l’Homme, la politisation des chaînes de télévision publiques et l’absence des débats contradictoires. Il a mis l’accent sur le manque de liberté des journalistes; selon lui, les accords signés avec certains organes de presse privée par le gouvernement constituent une atteinte à la démocratie.
Sans le classement de Reporters sans frontière, la presse béninoise doit se mobiliser pour gagner le combat de la liberté de presse ainsi que celui de la qualité.
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Les acteurs des médias apprécient le classement du Bénin
L’Union professionnelle des médias du Bénin (Upmb) a organisé une journée d’échanges le jeudi 30 avril dernier à la maison des médias. C’était à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse édition 2009.
En prélude de la fête internationale de la liberté de la presse, les professionnels des médias se sont réunis et ont échangé sur le thème central qu’est « Acquis et difficultés de la presse béninoise ». Le thème retenu par La communauté internationale est « Médias, dialogue et compréhension mutuelle ». Dans son allocution d’ouverture, le président de l’Union des professionnels des médias du bénin (Upmb), Brice Houssou, a tracé la vie des organes de presse écrite à l’avènement du renouveau démocratique depuis une vingtaine d’années. Et, la démonopolisation des ondes à son tour, est venue consacrer la pluralité des médias audiovisuels au grand bonheur des populations.
Il a d’abord évoqué le rang très peu honorifique qu’a occupé le Bénin dans le classement du reporter sans frontière. Il dit que la presse béninoise est politisée dans son ensemble et les formations politiques qui s’opposent à l’action du pouvoir exécutif estiment parlent de la monopolisation et le bâillonnement de la presse béninoise. Il interpelle les acteurs intervenants dans la protection et la garantie de la liberté de presse à prendre conscience de leur rôle afin d’éviter que l’image de « laboratoire de démocratie » de notre pays avec sa presse plurielle ne s’éteigne. Le représentant du ministre de la communication et des technologies nouvelles, René Bewa, a félicité l’Upmb pour les efforts accomplis jusque-là.
Plusieurs communications ont été présentées lors de la séance.
Napoléon Agapit, conseiller à la Haac, est intervenu sur le sous thème1 « Les recommandations des états généraux de la presse béninoise de Novembre 2002 : état des lieux et perspectives ». Il a fait l’apologie des six ans des assises des états généraux de la presse béninoise et la mise en œuvre des recommandations qui, dans son ensemble, sont vraiment mitigés. Les résolutions issues devraient permettre de réhabiliter l’image de marque de la profession, renforcer le professionnalisme au sein de la corporation, transformer les organes de presse en de véritables entreprises, l’aide de l’Etat à la presse.
Brice Dossou-Gouin (Stg)
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