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Pourquoi traduit-on le mot Lègba par "diable" ?
Le Lègba est « un génie terrible, capable de déjouer le plan de tous les dieux, d’éloigner la maladie et la mort, d’une maison ou, s’il est mécontent, capable de réaliser contre un foyer, une famille, une personne la coalition de tous les esprits et de toutes les calamités. Sa bienveillance s’achète au prix d’une quotidienne libation de « dja », mélange d’eau, d’huile et de son. Dans les circonstances de quelque importance, il lui faut des coqs. Les Lègba installés à l’entrée des villes s’appellent "To-Lègba "; ceux érigés au centre des marchés sont des "Aïzans ", ils ont pour attribution de veiller au bon ordre des marchés, d’empêcher l’intrusion des mauvais esprits incarnés[1] »
Le Lègba n’est donc pas le diable, l’implacable ennemi de l’homme que le catéchisme traduit par le même nom. Il s’agit d’une dénomination dévalorisante, comme cela est le cas de beaucoup de mots reçus de la période coloniale. Cette dévalorisation traduit la réprobation à peine voilée des institutions et pratiques autochtones par les responsables coloniaux. Le mot convenable aurait été Pénates. Mais pour le système colonial aussi bien dans son aspect politico-administratif que religieux (christianisme précisément) ce serait déjà accréditer des pratiques et des institutions dont la condamnation constitue une condition sine qua non à la réalisation de son projet. Mais comme l'a dit Aimé Césaire, la colonisation n'était pas une civilisation. En général, elle préfère une politique de la table rase fondée sur des préjugés et la dévalorisation nécessaire du colonisé.
[1] Au Pays des Fons, Maximilien Quenum, Maisonneuve et Larose, Paris, 1983
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
J'ai découvert votre site et j'en suis heureux.
S'agissant du sujet "Légba", vous avez mis le doigt sur l'essentiel. En effet, le colonisateur aidé de ses relais internes, a fait traduire ce qui est notre "croix de jésus protecteur" par Diable afin qu'on puisse rejeter "notre truc" pour adopter "leur truc"
Retrouvez les livres de cathéchisme et regardez comment le diable (l'opposé) de Dieu est représenté : tout en noir. Tout était fait pour nous débarasser de notre culture profonde et adopter celle du colon. Remarquez qu'à l'entrée de chaque ville en France, une grande croix y est plantée. De même chez nous, à l'entée de chacun de nos villages le Légba y est planté aussi.
Je m'arrête là sinon cela va être trop long, car il y en a tellement à dire.
Je rappelle aux Minas - Ewés que c'est "Abossam" divinité du mal et non Légba qui s'oppose à Dieu(Mahu) divinité du bien.
Rédigé par : AKUESON Romain | 03 juillet 2007 à 13:16
Monsieur Akueson, merci beaucoup pour vos appréciations et surtout pour votre contribution à ce sujet. Si je comprends bien votre explication, n'y aurait-il pas le Légba dans l'ère culturelle guen ?
Cordialement
Rédigé par : Binason Avèkes | 03 juillet 2007 à 16:12