Par Olusegun Adeniyi
Quand j’étais au lycée, et je devine que c’était le cas pour des générations précédentes, presque tout le monde rêvait de devenir docteur, docteur en médecine, s’entend. C’était un métier de prestige. Cela n’était pas donné au premier venu. Il fallait être bon en maths et en science. Certains d’entre nous conscients de leurs limites ont préféré choisir d’autres voies. Aujourd’hui nombreux sont ceux qui parmi eux en jetant un regard rétrospectif à leur choix remercient le Ciel de les avoir éclairés dans le choix d’une voie.
En soi, ce n’est pas que le standing du métier a baissé ou que la profession ne soit plus prestigieuse. C’est tout simplement parce que, à l’instar des policiers et des enseignants, les docteurs sont parmi les plus négligés dans notre société d’aujourd’hui, au moins dans le secteur public.
Les Docteurs qui de nos jours ont le vent en poupe et tiennent le haut du pavé sont de riches illettrés, des agents corrompus de l’Etat, ou des personnes de moralité douteuse qui se font décerner des diplômes de docteur, et les soi-disant hommes de Dieu qui s’annexent sans crier gare la particule de Docteur à leur nom, sans compter ceux qui n’ont jamais dépassé le stade des études secondaires !
Chaque fois que je rencontre un praticien du domaine médical et je me rends compte du peu de reconnaissance dont font l’objet ces hommes et femmes qui sauvent des vies humaines je suis envahi par une certaine tristesse. Le pire est que, chaque fois qu’ils demandent le minimum auquel ils ont droit, nous sommes souvent enclins à les accuser et n’avons de cesse de leur rappeler leurs obligations vis à vis d’une société qui méprise leur cause.
Actuellement, les médecins sont en grève, mais combien parmi nous s’en émeuvent ? L’intérêt de la plupart des Nigérians se focalise sur les détails scabreux de la mauvaise gestion des comptes du PTDF¹, si ce n’est sur les démonstrations indécentes de friponnerie devenues pratiques courantes de nos hommes politiques en cette période cruciale des élections.
Jusqu’à ce jour, de la part de ceux qui nous gouvernent comme de ceux d’entre nous qui sommes à l’extérieur, je n’ai pas en encore perçu le moindre signe prouvant que nous ayons pris la mesure du fait que des vies de pauvres Nigérians sont suspendues au dénouement de la grève des docteurs et médecins travaillant dans le secteur public à travers tout le pays. Mais une telle prise de conscience a-t-elle encore une importance dans un système si perverti que des hommes publics de premier plan s’en donnent à cœur joie d’annoncer sans vergogne ni scrupule, comme une simple routine, leur prochain voyage à l’étranger pour raison de check-up médical?
Traduit par Binason Avèkes
¹Petroleum Technology Development Fund (PTDF)
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
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