Pourquoi Yayi Boni fait-il tout le temps de la politique ?
Je veux dire de la politique de bas étage – populisme, manipulation des masses, gesticulation et conditionnement médiatiques, commerce de notoriété, clientélisme, positionnement subtil, consensus frauduleux, syllogisme magique, instrumentalisation des institutions et des personnes, achat de conscience, division des opposants, culte de la personnalité, régionalisme, tribalisme, etc.... Bien sûr nombre de ses travers ne sont pas nés avec l’avènement du régime Yayi mais celui-ci les a portés à leur quintessence et en a fait le cœur de cible de sa méthode de gouvernement sinon de sa philosophie politique. Ces travers sont d’autant plus choquants, qu’ils sont administrés par un homme, Yayi Boni, qui n’a pas les qualités d’un tribun, parce que sans charisme et sans mot fort ; et dont la voix n’est pas de celles qui touchent le peuple au plus profond de son âme et le fait vibrer à l’unisson pour lui communiquer une vision forte.
Pourquoi un tel homme fait-il la politique, ainsi comprise ? Eh bien parce que Yayi Boni est l’exemple vertical et vivant de cette race de gens qui ont fait fortune et continuent de prospérer par le profit permanent – obtenu de but en blanc – de leur protestation de nationalité ; des gens qui très tôt se sont accrochés aux mamelles de la mère nation qui les a vus grandir et dont il n’ont jamais voulu décoller. Des gens qui avec malice ont usé d’une situation de rente de nationalité, de fils bien introduits de l’État-Nation ; des gens qui n’ont pour eux que leur appartenance à une région transformée en fonds de commerce d’une bonne volonté sociologique qu’ils exploitent sans vergogne ni retenue, méthodiquement et avec malice. Tous ces passionnés d’État à qui l’État a tout dû et devra tout du berceau à la tombe. Dette transformée en nécessité et dont la défense et la naturalisation deviennent un enjeu de luttes politiques. Luttes pour fixer les cadres de vision et de division de cette nécessité dont la passion exprime avec violence l’accaparement de l’État-Nation, poule-aux œufs d’or de quelques malins.
Mais plus terre à terre encore, la raison pour laquelle un gars comme Yayi Boni fait de la politique, est qu’il est politiquement sans racine. Dès lors, il agit comme ces plantes grimpantes qui compensent l’indigence radicale par une profusion de feuillage.
Enfin, et c’est le plus triste, depuis l’indépendance de notre pays – à part d’être la vache à lait de quelque happy few qui du Nord au Sud s’entendent comme larrons en foire pour se remplir poches et panses – le Bénin, à l’instar de nombres de pays Africains – surtout francophones – n’est pas à développer. Et – aussi étonnant que cela puisse paraître – la vocation de ceux qui se disent hommes politiques n’est pas de développer quoi que ce soit. En tout cas pas le Bénin. Le Bénin n’est pas à développer ! Il est à maintenir en l’état par l’État. Si le Bénin était à développer depuis 50 ans on aurait vu les prémisses des actes de développement. En lieu et place de ce marché noir de la corruption, si vivace, si enraciné et si florissant. Non, la vocation des hommes politiques n’est pas de développer le pays mais de maintenir et de faire tourner les conditions initiales de la fiction de nos nations. Fiction, du reste double : à la fois en tant que nations, et en tant que nations indépendantes. Le rôle des hommes politiques – souvent et à la vérité autoproclamés – c’est d’occuper l’espace et le temps ; amuser la galerie ; donner l’impression que nous sommes des hommes ; que nous sommes un pays, que nous sommes une nation, un État dont ils sont eux les dirigeants. Et ce en dépit de l’absence criante des preuves évidentes de ce système structuré de consensus frauduleux.
Faire ce sitcom – comédie de situation – et se faire payer grassement. Oh que dis-je, se faire payer ? Pire que ça : se remplir impunément les poches. Voilà pourquoi et comment, Yayi Boni fait de la politique ! Et dès lors, on comprend qu’il le fasse tout le temps !
Ahokponou Barthélémy
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