Le Cri de Colère de la Diaspora Béninoise Face au Pouvoir Autocratique de Yayi Boni Par le Collectif Emile Zolaciaji
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En 2006, à la fin du deuxième mandat de Mathieu Kérékou sous le Renouveau Démocratique, le Bénin était au plus mal. Malgré ses potentialités économiques et humaines, le pays était économiquement et moralement exsangue, en raison de la mauvaise gestion de ses dirigeants, de leur égoïsme et de leur médiocrité. La minorité au pouvoir s'était enrichie scandaleusement à travers la corruption dans l'impunité. Pendant ce temps, la pauvreté s'étendait à tout le peuple, la misère s'enracinait dans nos villes et dans nos campagnes. C'est dans ce contexte qu'est apparue la figure providentielle de Yayi Boni, un homme jusque-là inconnu dans le paysage politique. À la faveur d'un principe idiot et démocratiquement dangereux mais qui a la vie dure au Bénin --celui de l'oiseau rare--cet homme totalement inconnu, solitaire, sans passé, sans expérience ni parti politique, introduit par un aréopage douteux de faiseurs de roi, a brigué le suffrage universel et a été élu à 75 % des voix. Ce plébiscite sanctionnait le caractère calamiteux de la gouvernance économique et morale de Kérékou et traduisait l'espoir d'un changement. Le nouveau venu étant banquier et directeur de la BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement), et passant pour docteur en économie, son parcours et son curriculum rassurèrent quant à sa capacité à bien gérer l'économie du pays. Le nouveau président lui-même n'était pas avare de promesses et surfait volontiers sur la vague de l'espérance qui l'avait porté au pouvoir. Avec le symbole monétaire du cauris pour emblème, il promettait aux Béninois rien moins que le changement et l'émergence, une croissance à deux chiffres, la prospérité partagée, la concertation et la cohésion nationale. Comment un homme qui n'a jamais fait la politique, un homme qui n'a jamais joué un rôle clé dans un parti, peut-il du jour au lendemain devenir président de la République ? Cette question de bon sens n'effleura pas l'esprit des intellectuels ou des acteurs politiques alliés, engoncés dans l'éthique de l'oiseau rare ; sans parler même du peuple qui était obnubilé par le souci du mieux vivre et pour qui l'équation : « PDG de la BOAD = Richesse Pour Tous Assurée » était prise à la lettre et au premier degré. Mais très vite, à l'œuvre, les incongruités du nouveau concept n’allaient pas tarder à se manifester. Yayi Boni apparut d'entrée comme un président hyperactif, présent sur tous les fronts et allant jusqu'à court-circuiter le fonctionnement rationnel de l’action gouvernementale. Un président volontariste qui lançait des initiatives sans lendemain et multipliait des promesses irréalisables. Au début, ce défaut, loin d'être vu comme une tare, a été mis au compte de son pragmatisme ou de son inexpérience. Mais avec le temps, le caractère s'affirma. Le travers s'aggrava. Peu à peu, ce qui paraissait virtuel dans ce nouveau président, son style, sa méthode, sa conception du monde et son tempérament, s'actualisa. L'absurde le disputait au cauchemar. De leurs yeux, Les Béninois se rendaient compte enfin que par rapport à Kérékou, ils avaient été victimes d'un marché de dupes, induits à troquer le mal contre le pire. Et, comme si cela ne suffisait pas, vers la fin du premier mandat de Yayi Boni, alors que la constitution lui donnait l'occasion de rectifier son erreur, le peuple a subi une violence symbolique inouïe : le holdup électoral qui, en maintenant Yayi Boni au pouvoir comme si de rien n'était, sanctionna la rupture du lien conditionnel entre réélection et bilan présidentiel. A l’instar du caractère ubuesque de l'actualité de ces derniers jours, le bilan de Yayi Boni est catastrophique dans tous les secteurs de la vie sociopolitique. Sur le plan économique, rien qu'en Afrique de l'Ouest, le Bénin fait figure de lanterne rouge des économies de l’UMOA. Le taux de croissance promis à deux chiffres dans l'euphorie de 2006 reste désespérément cloués à moins de 3 % dans ses estimations les plus optimistes. La gestion du coton et du Port autonome de Cotonou qui sont les deux mamelles du budget national semble frappée d'une fatalité de contre-performance et de désordre irrémédiables. Sur le plan démocratique, le recul du Bénin est alarmant : la presse est malmenée ou mise au pas. Les libertés publiques sont piétinées; l'incarcération est devenue une méthode d'épuration politique ; fantaisistes et souvent espiègles, les procès politiques sont légions et touchent aussi bien les journalistes, les syndicalistes que les hommes politiques rebelles au pouvoir. La justice est aux mains du pouvoir et ses procédures, soumises au bon vouloir du président qui condamne, détermine les peines et gracie à convenance. À l'instar de la justice, et d'une manière systématique, toutes les institutions de la République sont instrumentalisées en raison de l'antidémocratisme viscéral de M. Yayi Boni et de sa conception parodique de la vie sociopolitique. Sur le plan éthique et de la moralité de la vie publique, la corruption et l'impunité ne se sont jamais aussi bien portées. Chers Compatriotes, Béninoises et Béninoises de la Diaspora et de l’Intérieur, tous les signaux qui nous viennent du pays sont au rouge ; la gravité de la situation est sans précédent. Elle engage l’état actuel de notre pays et son devenir ; elle touche aussi à l'image internationale du Bénin. Au vu de ce qui se passe depuis quelques mois, combien d'entre nous n’ont pas mis en berne la fierté d'être Béninois dont on pouvait faire étalage naguère ? Comment continuer à assister à la descente aux enfers de notre pays et de notre peuple ? Répondre à ces questions suppose de situer les responsabilités et d'en rendre raison. Aussi la première question qui vient à l'esprit est : Comment en sommes-nous arrivés là ? Télécharger de "La Diaspora Béninoise Accuse"
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